Watching the Watchmen
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 25/05/2009 (Tags : comics watchmen gibbons dave watching urban moore
Un making-of massif de Watchmen, qui présente l'intégralité des crayonnés mais ne donne pas l'impression de rentrer suffisamment dans les rouages du processus de création. En gros, il manque le point de vue d'Alan Moore.
Sans grande surprise, la sortie cinématographique de Watchmen en mars a dopé les ventes de l'album dont est tiré le film, faisant de nouveaux adeptes s'il en était encore besoin. Afin d'accompagner ce regain d'intérêt, Panini a fait coup double : ressortir la bd en format DC Big Book et DC Cult, et publier un album making-of de 275 pages appelé Watching the Watchmen, vendu au prix bourgeois de 30 euros.
Le format king size, avec sa couverture solide et sa pochette, donne l'impression
d'une édition définitive et copieusement documentée, qui couvrira de A à Z tout ce qu'on peut espérer savoir sur Watchmen. Sans être tout à fait faux, ce postulat doit être nuancé : les auteurs Chip Kidd et Mike Essl, dans leur fabrication de la chose, n'ont pu interviewer que le dessinateur Dave Gibbons et le coloriste John Higgins, et se sont heurté au mur Alan Moore, toujours prêt à envoyer paître tout ceux qui peuvent perturber son travail créatif. Pas un mot de la part du scénariste, c'est un peu limite dans un ouvrage qui souhaite retracer la genèse complète d'un comic book de légende. Mais la couverture ne fait pas mystère de cette restriction, et le nom d'Alan Moore n'y apparaît nulle part.
En conséquence, l'orientation du livre se retrouve logiquement très graphique, et le nombre de pages de texte se révèle extrêmement faible en regard des pages de dessin pur. On retrouve avec plaisir l'intégralité des crayonnés de l'album, ainsi que bon nombre de dessins préparatoires, d'études de mouvement, de décor... Gibbons s'appesantit évidemment sur la construction des planches, le design des personnages, et rentre assez peu dans le détail du scénario. Il évoque cependant sa première rencontre avec Alan Moore, les circonstances dans lesquelles ils furent amenés à travailler ensemble sur ce projet, leurs méthodes de travail... Mais leurs deux années de collaboration sur ce titre semblent résumées à quelques lignes, qui mènent à la dernière partie consacrée à l'accueil chaleureux que leur firent la
profession et le public, puis au merchandising. On a également le plaisir de lire comment Watchmen fut publié en France chez Zenda avec de nouvelles couvertures dessinées par Gibbons lui-même, sous la supervision de Doug Headline, alors rédacteur du magazine Starfix. En revanche, point n'est question du film de Zack Snyder : le livre fut finalisé l'an dernier. Tout juste est évoqué le projet des années 80, dans lequel Robin Williams et Arnold Schwarzenegger auraient joué...
En fin de compte, Watching the Watchmen apparaît essentiellement comme un luxueux livre d'images, un cadeau estimable pour tout fan de comics mais assurément pas un essai introspectif sur le pourquoi du comment ni sur les intentions du scénariste. En revanche, on y trouve un certain nombre d'informations édifiantes sur la façon dont fonctionnent les auteurs et les éditeurs américains.