Superman - Supergirl - 2009 - Maelstrom
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 14/10/2010 (Tags : superman supergirl maelstrom panini terre comics planete
Jimmy Palmiotti et Justin Gray, artisans du renouveau de Jonah Hex, signent ici le scénario d'une mini-série consacrée à Superman et à sa cousine kryptonienne. Probablement une œuvre de commande, à en juger par le résultat inepte et puéril, aussi mal écrit qu'ennuyeux à contempler.
Pour avoir revitalisé le cow-boy Jonah Hex à partir de 2006, le duo de scénaristes formé par Jimmy Palmiotti et Justin Gray s'est fait une place au sein de l'écurie DC Comics. L'an dernier, les deux zigs se sont vus confier une mini-série de cinq numéros consacrée à Superman et Supergirl. Avec la participation du dessinateur Phil Noto, fidèle complice de Palmiotti depuis ses polars chez Black Bull, ils se
mettent au travail. Laborieusement.
L'argument est mince. Squelettique. D'un côté, Maelstrom, une esclave au service de Darkseid dont elle est amoureuse, s'est juré d'offrir la tête de Superman sur un plateau à son maître. Par ailleurs, Kal-El dispense un cours de super-héroïsme à sa cousine blondinette Kara Zor-El. Nul besoin d'avoir potassé 70 ans de chronologie pour comprendre où nous en sommes : au terme d'une série de réinventions successives, la Supergirl d'aujourd'hui est peu ou prou la même que celle des années 50, avec la même origine et le même degré d'inexpérience.
En cinq petits épisodes, le scénario parvient le tour de force de se montrer aussi lassant que répétitif : cousin et cousine s'infligent un stage commando sur une planète lointaine, et rencontrent diverses embûches idiotes, traitées avec un manque d'imagination effarant ; Maelstrom cherche Superman pour lui mettre sa pâtée, en compagnie de ses copines répondant au doux nom de Folles Furieuses (la plus pittoresque étant Harriet la dingue). Les dialogues sont puérils, les enjeux complètement inintéressants (le terrifiant Darkseid va-t-il épouser Maelstrom ? sérieusement, ça intéresse quelqu'un ?) et les séquences d'action décevantes (même les splash pages paraissent bien trop sages). Noto semble vouloir conférer au super-héros kryptonien un air constamment blasé, et il perd même l'occasion de donner du cachet à la planète glauque et verdâtre sur laquelle les deux héros
se sont exilés. En épurant trop les décors, il se contente de les rendre vaguement abstraits.
Les thèmes du récit, abordés avec la finesse d'un éléphant catapulté sur un service à thé du XIXème siècle, ont déjà été croisés cent fois dans la bibliographie de Superman : être un véritable héros ne consiste pas à voler et soulever des immeubles, aider les gens ne signifie pas qu'il faille résoudre les problèmes à leur place, etc. Tout a déjà été traité précédemment, souvent avec plus d'intelligence et au cours de récits autrement mieux agencés. Dans celui-ci, tout juste sauvera-t-on quelques moments d'intimité entre les cousins, sur le mode « ah ben pour une fois qu'on peut se parler tranquillement... » Mais c'est une bien maigre pêche, pour un trio de bédétistes que l'on devine plus attiré par le polar noir et le western aride que par le super-héroïsme gnangnan à la papa.