8.5/10Sophia libère Paris

/ Critique - écrit par Maixent, le 31/10/2010
Notre verdict : 8.5/10 - Ni Putes Ni Soumises (Fiche technique)

Tags : fulgor major paris sophia livres libon libere

Excellent album à la fois drôle, divertissant, un peu ringard (juste ce qu'il faut), mais surtout surprenant et enivrant du début à la fin.

L'album en lui-même ressemble un peu à un Ovni, une couverture ringarde rappelant de vieux fanzines illustrant des histoires de pirates, les phylactères usant d'une police de vieille machine à écrire et seulement deux couleurs, le bleu sombre des vieux encriers dégueulasses et le orange rouille crasseux des vieilles bds oubliées à la cave.  Et pourtant, passé ce côté ringard et le brushing ridicule de l'héroïne, on se retrouve face à un album d'excellente facture, avec un scénario prenant, un dessin enlevé qui rend hommage aux bds  d'aventure d'antan tout en y apportant une touche de modernité, un sens de l'humour et de la narration, bref, une réussite.
Ils se sont mis à deux pour commettre cet album, Libon, qui travaille surtout pour Spirou, puis Fluide Glacial avec sa série
Hector Kanon et Capucine, la scénariste, active surtout sur internet mais aussi dans l'album Premières fois chez Delcourt. D'ailleurs pour toute info concernant les auteurs, vu qu'ils tiennent un blog en commun, il suffit de faire un tour sur leur site.

Quand soudain!
Quand soudain !
Le pitch est tout aussi absurde que surprenant. L'action se situe au 18 novembre 1870, alors que l'armée prussienne est aux portes de Paris. Une armée exclusivement féminine d'ailleurs, il n'y a pas un seul homme dans tout l'album, comme dans Les Enfants d'Eve de Bernard Werber et Eric Puech. Mais non, je déconne, ça n'a rien à voir, j'ai dit plus haut qu'il s'agissait ici d'une bonne bd. Face à cette invasion barbare, Sophia est appelée pour une mission secrète par le maire de Paris, accompagnée de la fidèle Rima, qui est un peu le pendant de Robin pour Batman, relations sexuelles comprises. La mission de cette Melody Bondage du dix-neuvième siècle, récupérer les plans du réseau souterrain de la capitale afin d'acquérir un plus stratégique sur l'ennemi. Mais il s'avère que l'ennemi est beaucoup plus sournois que prévu, comme en témoigne cette invitation à une crémaillère rue de Rivoli, ce qui entraînera nos héroïnes en Afrique sur les traces de Francine, la notaire d'élite. Oui, je sais, dit comme ça, ça OSS 117
OSS 117
semble un peu confus comme histoire mais c'est là tout le talent de la scénariste, cela reste malgré tout cohérent et prenant. Le dessin tout en courbe et en mouvement, les cases remplies presque totalement par la chevelure extravagante de Sophia confère quant à lui une dynamique forte dans laquelle le lecteur ne s'ennuie jamais. On se croirait revenir (surtout dans l'épisode africain) dans les aventures du Fantôme du Bengale avec une tribu d'amazones improbables, les Zongobos, dont les critères de beauté sont pour le moins surprenants. Toujours au niveau du dessin, l'utilisation de la bichromie permet un découpage très graphique, mis en valeur par des dialogues crus et débités à la mitraillette.

Au final, un grand maelstrom entraînant et parfaitement dirigé du début à la fin, faisant appel à de nombreuses références de la bande dessinée d'aventure classique, de Barbarella à Tarzan, tout en lui conférant un nouvel élan contemporain.