8/10Hector Kanon - Tome 1 - Une certaine élite

/ Critique - écrit par riffhifi, le 03/11/2007
Notre verdict : 8/10 - Kanon (Fiche technique)

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Libon a le sens du gag drôle, et Hector Kanon est une des plus franches barres de rire disponibles actuellement en bande dessinée.

Libon, c'est un petit nouveau dans le monde de la bande dessinée ; un nouveau à qui tout sourit puisqu'il sort ses deux premiers albums simultanément : Jacques le petit lézard géant (la malheureuse victime d'une mini-bombe atomique qui le transforme en une sorte de Godzilla, à paraître en janvier) chez Dupuis et Hector Kanon chez Fluide Glacial.

Hector est de la famille de ces gros nazes qui s'invitent partout, se targuent d'être à la page dans les domaines de l'art, du rock et de la cool attitude, et tentent négligemment de ramener chez eux les femmes qu'ils considèrent hâtivement comme des grosses chaudasses. Bien entendu, lorsque ce genre de personne peut se faire mousser devant son copain Greg ou apprendre la vie à un adolescent accro au jeu vidéo, il ne s'en prive pas.


Pour ce premier tir, Libon a les honneurs du grand format souple, celui qu'on aime au toucher (la couverture glacée), qu'on aime au nez (l'odeur du papier), et qu'on aime à l'ouïe (le bruit des pages épaisses) avant même de l'aimer à la vue (je suis obligé d'admettre que je n'ai pas essayé le goût). Un peu comme on peut être attiré par une femme pour son parfum et le bruit de ses talons avant même de l'avoir vue. De la même façon d'ailleurs, il faut que la vue soit aussi satisfaite que les autres sens pour que le plaisir soit entier...
Heureusement ici, elle l'est ! Hector Kanon ne révolutionne pas le format traditionnel de la bande dessinée comique, il l'habite : histoires en 4 pages, trois rangées de cases par page, pas de fantaisies de mise en page (à peine une bulle qui dépasse de sa case par-ci par-là)... Libon va droit à l'essentiel : les personnages et leurs expressions faciales, les situations et leurs lots de répliques assassines. Et dans cette efficacité, l'auteur excelle : Hector et sa trogne de crocodile se retrouvent
dans les situations les plus embarrassantes et traversent une palette d'états aussi variés que cocasses dans chaque épisode : surpris, excédé, honteux, affolé... Tous les ressorts et les sujets de la comédie y passent : le sexe, la scatologie, mais tous sont traités avec une vraie volonté de faire rire, et l'album ne souffre jamais de complaisance ni de vulgarité gratuite. Il est également assez déroutant de constater qu'on peut s'identifier sans problème au malheureux Hector dans la plupart de ses mésaventures, sans être pour autant un jet-setteur acharné ni un rockeur branchouille ; encore un bon point à mettre au crédit de l'auteur.


En clair, Hector Kanon est une des plus franches barres de rire disponibles actuellement en bande dessinée. Libon a le sens du gag drôle : c'est bête à dire mais beaucoup d'auteurs perdent au bout de quelques années le sens du comique, se contentant de dévider à intervalles réguliers des variations sur les agissements répétitifs de leurs personnages. Libon, à ce stade, est encore habité du feu sacré. Souhaitons-lui de le rester longtemps. Patron, encore un Kanon !