7/10Songes - Tome 2 - Célia

/ Critique - écrit par Maixent, le 17/12/2012
Notre verdict : 7/10 - La science des rêves (Fiche technique)

Tags : songes tome livres filippi dodson coraline celia

Le premier tome de Songes avait laissé des critiques mitigées malgré des qualités évidentes et il est vrai que si l’on ne savait pas très bien où on allait et que certaines situations faisaient sourire, la richesse du dessin et l’envie d’en savoir plus donnaient envie de continuer. Arrivent donc six ans après la conclusion des tribulations sexy de la belle Coraline au pays des songes.

Dans le premier opus (vendu avec un sketchbook  qui rajoutait à la qualité graphique de l’ensemble), on faisait la connaissance de Coraline, engagée comme gouvernante dans un manoir mystérieux dirigé par un étrange
Une fumerie d'opium, machine à rêver façon Nolan
enfant. Ce petit génie maîtrisant la machine à vapeur comme le Capitaine Nemo entraîne notre héroïne dans un monde onirique où se mêle piraterie et aventures de Tarzan mais au-delà du fait que tout cela ne soit que prétexte à déshabiller la belle, on subodore une intrigue plus poussée enfin dévoilée dans ce deuxième tome.

L’album s’ouvre sur un rêve dans la légitime continuation du premier. Coraline traverse un monde de contes de fées endormi jusqu’à tomber sur un prince un peu trop entreprenant. Ne comprenant toujours pas ce qu’elle vient faire dans cette galère, la blonde se réveille mais décide tout de même de mener l’enquête pour comprendre d’où vient ce malaise grandissant. Par la suite on traversera plusieurs mondes pour en trouver la clef qui n’est autre que le jeune maître des lieux, petit enfant perdu en quête d’amour. L’ensemble est assez fleur bleue et ne brille pas par son originalité. Tout comme dans Inception ou Matrix, Coraline plonge dans le monde des rêves par l’intermédiaire d’un étrange élixir et le but est de sauver le monde. Ici c’est le monde d’un gamin qui a grandi trop vite, souffrant d’une solitude extrêmement pesante et prisonnier de ses rêves dans lesquels il a
Dans le Harem
embarqué la plupart des filles du village voisin, sans doute d’ex-gouvernantes, dont la sœur de Coraline qui prête son nom à l’album.

Pas pornographique pour un sous, mais plongeant le lecteur dans une ambiance érotique de chaque instant, Songes mise plutôt sur le fantasme et n’est pas à ranger dans la catégorie bande dessinée érotique. Même si les héroïnes sont sexy, elles sont surtout proches de l’univers Comics comme celui mis en avant par Adam Hughes, célèbre pour sa vision de Catwoman et ses héroïnes glamours et athlétiques. La scène la plus osée sera celle dans le harem mais il ne faut pas oublier que chaque scène découle du rêve d’un enfant influencé par ses lectures du jour et il est peu probable qu’il est sous la main des ouvrages de Sade, d’autant que son but est de recevoir un amour parental, l’image d’une mère belle et aimante, plutôt que celle d’une soumise éplorée.

Incluant plus de personnages et avec une intrigue beaucoup plus poussé que dans le tome 1, on comprend finalement que le premier tome n’était qu’un tome d’exposition, sans doute un peu long, mais pas désagréable. Dans le second, la psychologie des personnages est plus abouti, chacun
Ou sont Babydoll et ses copines?
plus développé. On est loin de chefs d’œuvres de la bande dessinée ou de grandes épopées mais l’histoire a une certaine consistance et permet  de traverser plusieurs mondes. En fait on est assez proche de Sucker Punch et même si ça ne casse pas trois pattes à un canard, on est happé par l’histoire, cette aura de mystère, et cette fuite onirique.

Au final, Songes n’est pas un ouvrage majeur mais la qualité du trait alliée à un travail de coloriste de premier ordre permettent de s’y plonger entièrement et voluptueusement. On retiendra surtout l’ambiance onirique, laissant naviguer l’auteur entre réel et fantasmes dans un monde lui-même en décalage, proche d’un modèle steampunk et empreint de littérature et d’aventures. Il y a un "effet poudre aux yeux" indubitable mais cela fonctionne malgré tout sans prétention et le but premier, qui est de distraire, est tout à fait atteint.