8/10Le Singe qui aimait les fleurs

/ Critique - écrit par iscarioth, le 18/06/2007
Notre verdict : 8/10 - Tas de crevards ! (Fiche technique)

Le singe qui aimait les fleurs est un one-shot de qualité, en ce sens où il développe une histoire et des personnages qui se mettent en place rapidement, au service de l'histoire contée.

Des cœurs boudinés aux singes fleuris... On peut le dire, il nous épate, Jean-Paul. Après avoir démontré l'étendu de son talent et ses capacités de progression avec sa série toute en rondeur, Krassinsky poursuit chez Dargaud dans l'excellente 01_250
Vernish, le paria qui aimait les fleurs
collection Poisson Pilote.

Il nous démontre ici une autre qualité estimable chez un auteur : la capacité de ne pas s'enfermer. Après avoir investi la chronique quotidienne, l'auteur poursuit son œuvre, toujours sur le ton d'un humour bien pensé et critique, dans un genre aux antipodes : la fable animalière. L'histoire est celle d'un singe nasique, vous savez, ces singes à gros nez de Rastapopoulos. Un singe très carencé affectivement qui cherche à tout prix à se faire des amis. Il tente de se faire aimer par un vieux paria, le seul singe de la forêt à le tolérer vaguement. Le loser qui va jusqu'à faire les pires bêtises pour se faire accepter de la communauté, voilà un thème qui n'est pas neuf.

Et pourtant, Krassinsky parvient à nous passionner et à nous amuser, avec ce one-shot. Vernish, son « singe principal 02_250
Tact et doigté
», est peureux, crédule et joueur, avec un physique naturellement porté sur le burlesque. L'humour provient aussi du décalage entre les personnages (des animaux) et le langage employé (« tas de crevards ! »). A ce potentiel comique, il faut rajouter une véritable réflexion sous-jacente sur le thème de la solitude et du groupe. Vivre seul par choix face à l'hypocrisie du groupe, est-ce une véritable croyance ou une excuse que l'on s'invente pour faire face au rejet ? La force du groupe n'est elle pas en réalité que lâcheté ? Encore une fois, rien de neuf, mais des éléments très bien mis en scène sur 48 pages.

Le singe qui aimait les fleurs est un one-shot de qualité, en ce sens où il développe une histoire et des personnages qui se mettent en place rapidement, au service de l'histoire contée. Un conte drôle, moderne et pertinent.