8.5/10Siegfried - Tome II - La Walkyrie

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/10/2009
Notre verdict : 8.5/10 - Alex au pays d’émerveille (Fiche technique)

Tags : tome alice siegfried alex evaluation &nbsp walkyrie

L'épopée wagnérienne d'Alex Alice continue sur sa lancée, avec une Walkyrie qui ne chevauche pas beaucoup mais illumine l'album de sa présence. Vivement la suite et fin.

La mythologie nordique inspire. Le spectateur fan de comics se frotte déjà les mains à l'idée de l'adaptation à venir du Thor de Marvel, mais la bande dessinée franco-belge n'est pas en reste sur la mise en papier des héros et des dieux de ce panthéon. Pas plus tard qu'en 2007, Nicolas Jarry et Djief proposaient dans la collection Soleil Celtic une trilogie appelée Le crépuscule des dieux, dont le deuxième tome s'intitulait Siegfried. Juste retour des choses, le troisième tome du Siegfried de Dargaud s'appellera... Le crépuscule des dieux ! Rien de plus logique que de voir ce serpent se mordre la queue, puisqu'il s'agit en fin de compte de la même histoire, racontée par différents auteurs. Dans le cas présent, le scénariste-
dessinateur-coloriste est unique (dans tous les sens du terme) et s'appelle Alex Alice. Les amateurs du Troisième Testament connaissent déjà son trait, les autres découvriront l'énergie d'un dessin que l'on croirait fait pour une fresque animée de grande qualité. Normal : parallèlement à sa vie en bandes, Siegfried est développé en long métrage cinéma par son auteur. Inutile de dire avec quelle impatience on attend le résultat.

En attendant, on se contente sans problème des albums, et on remplace le son manquant par la diffusion d'une musique à l'ampleur appropriée - l'exemple le plus évident étant l'œuvre de Wagner (Richard). On pense bien entendu à sa Chevauchée des Walkyries, bien que celle d'ici soit toute seule en piste. Il est d'ailleurs amusant de constater à quel point cette dernière ressemble à la déesse greco-romaine Athéna-Minerve, sage et casquée comme elle ; le parallèle entre son père Odin, féroce barbu, et le dieu Zeus-Jupiter est tout aussi évident... Décidément, les mythologies aiment se répondre ! Continuant sa consultation de l'oracle vu dans le premier tome, elle cherche à connaître l'issue de la quête de Siegfried, parti affronter un affreux dragon en compagnie du Nibelung Mime qui l'a élevé. L'enjeu pour le jeune homme ? Retrouver le monde des humains, dont il a
été coupé toute sa vie durant...

Le récit est épique, pas de doute là-dessus, et se voit encore une fois efficacement mis en scène à travers les illustrations splendides d'Alex Alice. La mise en page est peut-être moins dynamique que dans le premier tome, qui faisait assaut de cases biseautées, mais se révèle joliment inventive par endroits (la planche 27, labyrinthique), et réserve quelques images en pleine page qui aèrent encore davantage une narration que l'on visualisait déjà en cinémascope. Alice scénariste, de con côté, s'autorise plus d'humour que dans la première partie (Fafner et son enclume), sans pour autant en abuser et verser dans l'auto-parodie et la distanciation : encore un exemple de dosage exemplaire. Décidément, Siegfried fait du bien, et l'idée d'attendre deux ans de plus pour voir le troisième tome, voire davantage pour découvrir le film, fait frémir d'impatience.

Si vous achetez par correspondance, prenez garde à ne pas cliquer par erreur sur le DVD du film Walkyrie, qui vient de sortir. Tom Cruise n'y joue pas le rôle de Siegfried.