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7.5/10Le rêve de Cécile

/ Critique - écrit par Maixent, le 31/05/2011
Notre verdict : 7.5/10 - Fantasmes intemporels (Fiche technique)

Tags : reve von cecile gotha erich livres manga

Une BD sans parole sous forme d'exercice de style. Pas le meilleur album de l'auteur mais une réussite tout de même.

Depuis le succès d’Inception, nous sommes tous à l’aise avec le principe du rêve dans le rêve et à l’accession de plusieurs niveaux possibles jusqu’à aboutir à ce qu’il y a de plus enfoui et de plus intime. Ce qui est dérangeant dans ce film, et Freud ne pourra le nier, c’est l’absence de sexualité. Tout le monde sait que la plupart des éléments liés à la psyché sont d’ordre sexuel, s’exprimant différemment et selon une forme plus ou moins contrôlée. Or, pas de trace dans Inception si ce n’est l’amour avec un grand Amour qu’éprouve Leonardo pour sa défunte femme mais cela n’a pas grand chose d’excitant. À l’inverse, Erich Von Götha fait une plongée dans le monde du rêve mais uniquement par le biais des fantasmes qui s’enchaînent à une vitesse folle dans la tête de Cécile. En effet, cette jeune femme à l’imagination plus que débridée passe d’une situation scabreuse à une autre, enchaînant les époques avec aisance, comme si la Deloreane de Retour vers le futur s’était emballée, passant du Moyen Age à la Première Guerre Mondiale sans aucun contrôle.

Dans cette orgie intemporelle, Cécile est une victime consentante (après tout
Tchac
c’est son rêve, elle a la maîtrise des événements), livrée aux assauts infatigables de dizaines d’hommes qui rivalisent d’ingéniosité malsaine, battue et humiliée comme Janice a pu l’être mais toujours avec finesse et tendresse. Le trait de l’auteur permet effectivement de brosser des situations particulièrement horribles, mais adoucies par la qualité du dessin, qui se fait caressant, prenant soin des héroïnes déjà bien maltraitées par ailleurs. Cette tendresse est également mise en valeur par l’utilisation de petits cœurs complètement gnangnan et déplacés, mais qui donnent ici plus de relief et permettent d’exprimer le seul sentiment vraiment important de l’héroïne, l’amour. Cela est d’autant plus frappant que l’album est sans paroles, à l’exception des quatre dernières cases qui marquent le retour à la réalité, obligeant le dessin à être d’autant plus expressif.
Comme toujours chez Von Götha, on note un véritable talent pour la mise en scène et les costumes mais aussi une inventivité hors norme concernant les accessoires érotiques. En témoignent ces sortes de hamacs maintenant les
La salle des hamacs
jambes écartées qui rivalisent aisément d’ingéniosité avec les fameuses boîtes apparues dans Twenty.
L’enchaînement des scènes se fait avec aisance et l’on suit les tribulations érotiques de cette demoiselle subissant ses aventures avec délectation. L’histoire reste cohérente malgré l’absence de paroles et progresse selon une suite logique tenant en haleine le lecteur, toujours avide de nouvelles tortures, attendant de voir comment Cécile s’en sortira face à ces hommes sans vergogne. Au final, tout l’univers de l’auteur est mis en scène dans l’album et les thèmes qui lui sont chers raviront les amateurs et séduiront les autres. Bien sûr, on n’oublie pas que cela reste pornographique et sans tabous et que certains pourront être choqués. Enfin, d’une certaine façon, Von Götha prend son temps, il faut attendre sept cases avant la première pénétration et il y a quand même quelques scènes sans sexe. Ce n’est pas le meilleur album de l’auteur mais un véritable exercice de style très sympa même si parfois juste prétexte à montrer une jolie fille.