Les Quatre de Baker Street - Tome 1 - L'affaire du rideau bleu
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 10/02/2009 (Dérivée des enquêtes de Sherlock Holmes, le travail de ces trois auteurs se conclut sur une BD amusante dans sa forme, mais plus noire dans son fond.
Inspirés par les aventures du plus grand détective anglais, relatées par son biographe, Sir Arthur Conan Doyle, et notamment dans Le Signe des Quatre, le trio d'auteurs en présence nous propose les pérégrinations de ces trois ga
Lobby de brigarçons des rues, qui, régulièrement employés par Holmes pour espionner discrètement pour son compte, ont fini par apprendre du maître les ficelles du métier de détective.
C'est après avoir planqué pour le détective et été payé pour service rendu, que les trois jeunes gens cherchent comment employer leur pécule. Alors que la décision s'oriente vers des pâtisseries, Black Tom, l'Irlandais de la bande, annonce son intention d'investir ses émoluments dans le bon plaisir de celle qui adoucit son cœur, Betty, la marchande de fleurs. Arrivé en vue de sa belle, il est témoin du rapt de celle-ci, et malgré ses efforts passionnés pour mettre en déroute les kidnappeurs, il devra se contenter de les voir lui échapper. Holmes et Watson partis pour le Surrey, c'est seuls que les trois compères devront mener l'enquête pour retrouver la belle.
C'est un curieux mélange qui ressort de cette enquête menée par des enfants, dans un style qui pourrait évoquer les grandes heures de la littérature de jeunesse, où des bi
Chat crochébliothèques vertes ou roses fourmillaient de scouts bravaches et intrépides qui chassaient avec énergie le malfrat ou la fraude fiscale. Mais ici tout se déroule dans un Londres victorien, sale, glauque et dangereux comme un Dickens a su nous en faire frémir. Si l'humour et la candeur de ces déjà "jeunes adultes" apportent une touche de légèreté, ils évoluent dans les bas-fonds et en ont gardé des séquelles, qui motivent un comportement tendant à s'éloigner des insouciances de l'enfance. Leur enquête les mène au contact de prostituées et de leurs protecteurs, de bandits sans pitié qu'ils connaissent d'ailleurs fort bien pour avoir fait partie de leur nombre, et d'hommes dont la violence transpire au travers des tweeds que leurs vices extrêmes ont contribué à payer. Malgré cela, au milieu des gagneuses et des brigands, les dénouements sont le plus possibles orientés vers un aspect comique. D'ailleurs, leur aventure verra l'arrivée du quatrième larron, le chat roux présenté en couverture, dont les expressions contribuent à alimenter le mélange des genres entre une BD humoristique et un monde ô combien sérieux.
Cet univers victorien, s'il faut en croire la préface de Régis Loisel, dont J.B. Djian est un grand copain, c'est en partie à Olivier Legrand et à sa
London callinggrande connaissance de cette époque qu'on le doit. Mais toutes les descriptions du monde, aussi bonnes et détaillées soient-elles, ne seraient rien sans l'admirable dessin de David Etien, jeune dessinateur à l'identité forte, dont le trait vit jusque dans les pavés de cette ville qu'on a alors l'impression d'habiter. Le mélange de l'histoire et de l'illustration fonctionne admirablement pour nous servir une nouvelle captivante et divertissante, avec tout le sérieux et la bonhommie que l'on serait en droit d'en attendre.
Histoire très sympathique donc, et d'une grande fluidité, quoiqu'un peu rapide dans ses dénouements, ce premier tome, grâce à ce double aspect, et servi par son admirable illustration, augure une série dont on sera sans aucun doute, dans un futur proche, avide de posséder l'intégralité.