7.5/10Quai d’Orsay tome 2 : chroniques diplomatiques

/ Critique - écrit par riffhifi, le 27/12/2011
Notre verdict : 7.5/10 - Echec et diplomate (Fiche technique)

Deuxième volet du succès surprise de l’an dernier, ces chroniques diplomatiques reviennent sur les relations tendues entre la France et les USA à propos de la guerre du Golfe n°2. Avec le coup de crayon de Blain et l’humour décalé qui s’impose.

Les amateurs de bande dessinée connaissent le nom et le style de Christophe Blain depuis déjà plusieurs années. D’abord dessinateur pour Sfar scénariste sur Socrate le demi-chien et Donjon Potron-Minet, il impose ses propres histoires avec Isaac le pirate, puis l’excellent western poétique Gus. Abel Lanzac, en revanche, ne s’est fait un nom que l’an dernier, avec la parution du premier tome de Quai d’Orsay. Fort de son expérience au sein de divers cabinets ministériels, il peint un portrait riche et contrasté de la cour qui gravite autour d’un Ministre des Affaires Etrangères fictif, répondant au nom très musical d’Alexandre Taillard de Vorms. Un avatar à peine déguisé de Dominique Galouzeau de Villepin, qui fait aujourd’hui la une grâce à sa candidature-surprise à l’élection présidentielle. Faut-il donc s’étonner que ce nouveau tome de Quai d’Orsay fasse un tabac immédiat ?

Chroniques diplomatiques revient sur les évènements qui ont mené au discours de Villepin à l’ONU 2003 à propos de l’entrée 17918-quai-dorsay-2-chroniques-diplomatien guerre contre l’Irak. Au fil de la centaine de pages de l’album, Taillard/Villepin mène un duel verbal contre son homologue américain Jeffrey (on reconnaîtra sans peine Colin Powell), pour éviter que les USA ne foncent tête baissée au Lousdem (ah oui, hein, tous les noms sont fictifs, même si ça ne change pas grand-chose). Mais le point de vue adopté par les auteurs ne se situe pas au niveau des négociateurs : les héros ici, ce sont les sbires, les gratteurs de papiers, les petites mains qui font les recherches, écrivent les discours, essuient les mauvaises humeurs, se tirent parfois dans les pattes à des fins de vengeance mesquines ou au contraire se serrent les coudes par solidarité. Au cœur de cette mini-communauté, le jeune Arthur Vlaminck constitue une projection évidente du scénariste lui-même : rêveur enfermé dans un travail qui ne souffre pas la fantaisie, amoureux transi dont les responsabilités ne lui laissent pas le temps de voir sa fiancée, Arthur se laisse aller à inventer des métaphores tirées de la mythologie grecque pour pimenter les discours de son chef…

Si Arthur est le référent direct du lecteur, le Ministre est en revanche la personnalité la plus charismatique : orageux, brutal, il impose un respect admiratif à ses troupes et fournit bon nombre de gags efficaces au gré de ses sautes d’humeur. L’étude de caractères est fine, et les évènements racontés par le petit bout de la lorgnette offrent une perspective intéressante… même si l’on se demande par moments si le sujet n’a pas un peu dépassé la date de péremption, de la même façon que le film Fair Game avec Sean Penn et Naomi Watts.