8.5/10Gus - Tome 1 - Nathalie

/ Critique - écrit par iscarioth, le 21/01/2007
Notre verdict : 8.5/10 - Les tontons dragueurs (Fiche technique)

Tags : gus blain tome nathalie christophe jeux dargaud

Gus est une histoire aboutie, drôle, qui confirme un Christophe Blain au sommet de sa forme.

Lucky Luke : l'homme qui tire plus vite que son ombre. Le plus populaire des cowboys de toute l'histoire de la bande dessinée franco-belge. C'est bien simple, pour la plupart d'entre nous, lorsque l'on pense cowboy et BD, on pense Lucky Luke. Eh bien la chose va peut être évoluer franchement dans les temps à venir.


Comment ne pas être intrigué par Gus ? La couverture de ce premier album, intrigante, est appuyée par son signataire :
Christophe Blain, déjà l'auteur d'une série précocement culte : Isaac le pirate. Gus est à la fois un hommage et un renouveau du western comique. Côté hommage, il y a tout un maniérisme, tout un ensemble de caractéristiques techniques et esthétiques. Les décors poussiéreux et crasseux, travaillés au trait, comme sait si bien le faire Blain, mais aussi la bonhomie atypique des cowboys : grandes perches arquées, par endroit tordues (rappelez-vous Lucky Luke et Phil Defer). Il y a aussi le choix des plans et leur enchaînement burlesque. On prend du recul sur une cavalcade à travers le désert américain, les rocheuses, pour nous montrer un cavalier (re)bondissant sur sa monture. Les couleurs de Walter nous ramènent aussi à l'hommage à Morris. Avec Gus comme pour les albums de Lucky Luke de la grande époque, c'est l'ambiance qui détermine les couleurs. Celles-ci sont pourpres, ocres et envahissent souvent uniformément tout le décor.


Contrairement à ce que peut laisser penser la couverture, Gus ne s'attache pas seulement à dépeindre la vie du personnage titre, mais aussi celles de ses camarades Clem et Gratt. Nos trois cowboys vivent d'attaques de trains et de banques, prenant du bon temps entre chaque affaire. Leur but n'est pas de faire fructifier un magot, mais d'amasser assez d'argent pour se la couler douce en attendant la prochaine pénurie. Leur principale préoccupation ? Les femmes. Et c'est là qu'on s'éloigne assez largement de la tradition du western humoristique. Le sujet des aventures n'est pas ici la course aux bandits, mais des pérégrinations plus "quotidiennes", sur un ton plus contemporain, celui de la nouvelle vague, dont Christophe Blain est l'un des grands noms. Constitué de cinq histoires de taille variable, ce premier album annonce une série au très fort potentiel. Blain a peut être là en main l'un de ses héros les plus charismatiques : Gus, et son nez gigantesque, sera peut être à inscrire dans l'histoire de la BD comme l'un de ses nouveaux emblèmes.

Blain utilise un maximum des possibilités narratives offertes par la bande dessinée. Ici, pas juste des dessins sous titrés de bulles, mais une véritable fusion entre les impressions figuratives et narratives. Blain utilise les symboles, les effets de typographies, place des images au lieu des textes dans les bulles de pensée de ses personnages. Les personnages sont travaillés et ont tous des personnalités bien marquées. Et la maîtrise narrative de Blain décuple l'impression de proximité entre les personnages et le lecteur.


Gus est une histoire aboutie, drôle, qui confirme un Christophe Blain au sommet de sa forme. A la fois en cassure et dans la continuité des vieux classiques franco-belges, Gus a tout le potentiel pour conquérir un public bien plus large qu'un Lincoln, par exemple.