8.5/10Les Pauvres aventures de Jérémie - Tome 3 - Le rêve de Jérémie

/ Critique - écrit par iscarioth, le 13/12/2005
Notre verdict : 8.5/10 - Jérémie s'embourgeoise ! (Fiche technique)

Quel plaisir de retrouver Jérémie et ses coups d'oeil frénétiques à la plastique féminine suivis d'angoisses dégoulinantes ! Surtout lorsque l'on constate la nouvelle direction scénaristique prise par la série, une nouvelle direction d'ailleurs très difficile à anticiper, comme l'exprime tout à fait bien le final, plutôt angoissant, ce qui est une première.

L'histoire

Jérémie est en couple. Il s'est lié à une jeune pilote d'avion fortunée. Son amie Sandrine a trouvé un job dans un magazine féminin et est obsédée par la maternité. Jean-Jacques, quant à lui, est moins chanceux : en position d'échec, il a abandonné la BD pour suivre ses instincts et tenter d'exprimer à plein temps sa libido...

AHI ! AHI ! AHI !

Ô joie, Jérémie Chibouz est de retour ! Le looser remarqué à la naissance par le Prix Goscinny (en 2003, pour Les Jolis pieds de Florence) s'embarque pour une troisième aventure. Le premier album de la série nous présentait en toute logique les personnages, et leur quotidien urbain. Jean-Jacques, l'auteur de BD, Sandrine, sa soeur collectionneuse d'homme et éternelle insatisfaite et Jérémie, petit maigrichon bossant dans le jeu vidéo. Des détails très crus de la vie quotidienne (le racisme, les « lascars » et leurs joggings...) n'ont pas manqué de provoquer des réactions, admiratives ou scandalisées selon les lecteurs et se sont révélés significatifs du « style Sattouf ». 2005 a d'ailleurs été une belle année pour l'auteur qui a eu un très bon succès avec l'excellente BD reportage Retour au Collège, succès venant confirmer toute l'estime que le public avait pour lui.

Une réelle évolution...

Revenons à la série. Le premier tome nous présentait les personnages, disions nous. Le deuxième nous emmenait en vacances, au camping. Encore une fois, on a eu droit à un remarquable panel d'événements qui n'ont pas manqué de réveiller certains souvenirs. D'une façon assez surprenante, ce troisième tome se base plus sur une évolution, à l'opposé des deux premiers albums qui, sans faire de sur-place, reposaient plus sur des péripéties humoristiques sans réelles conséquences. Ici, Jérémie se retrouve maqué à une jeune pilote d'avion issue d'une famille très fortunée. Son univers est radicalement bouleversé et l'on est très surpris de voir le personnage évoluer fortement. Il suffit juste de le comparer physiquement au début et à la fin de l'album pour s'en rendre compte.

... et une honnêteté toujours aussi grande !

Les thèmes exploités restent principalement les mêmes : les pulsions sexuelles, qui posent le problème de l'impossible monogamie, le rapport aux autres, la réussite professionnelle, la peur des apparences. « Honorine conduit des avions géants, elle rêve de chiffres et est toujours de bonne humeur. Elle est amoureuse de moi ! Pourtant, dès que je vois une paire de nibards, je deviens cinglé » lance Chibouz. Humoristiquement, Les pauvres aventures de Jérémie explorent toute une série de thèmes importants de notre vie quotidienne, évoqués avec une pudeur bien souvent trop hypocrite en BD comme ailleurs. Nous en avions déjà parlé lors de la critique des deux premiers albums.


Quel plaisir de retrouver Jérémie et ses coups d'oeil frénétiques à la plastique féminine suivis d'angoisses dégoulinantes ! Surtout lorsque l'on constate la nouvelle direction scénaristique prise par la série, une nouvelle direction d'ailleurs très difficile à anticiper, comme l'exprime tout à fait bien le final, plutôt angoissant, ce qui est une première.