Murena - Chapitre 5ème - La déesse noire
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 27/06/2006 (Tags : murena dufaux tome delaby neron dargaud noire
Murena continue de figurer parmi les ouvrages de bande dessinée actuels les plus impressionnants, tant par son souffle graphique que par le justesse et l'expérience de son scénario.
Quatre ans qu'on l'attendait cet album ! Quatre années qui se sont écoulées depuis la sortie du quatrième opus, Ceux qui vont mourir, venu conclure le premier acte de la série. Le cycle de la mère terminé, celui de l'épouse commence avec La déesse noire.
Un beau travail de dessinateur et de coloriste
L'une des principales raisons pour laquelle on avait tant aimé le premier cycle de Murena était le charisme et l'étoffe insufflées aux personnages. Poppée, la nouvelle favorite de Néron, est la digne héritière d'Agrippine, la défunte mère de l'empereur. Il pourra vous arriver de rester comme figé sur une vignette détaillant Popée : son regard perçant, sa mine à la fois fine et malfaisante, sa grâce diabolique. On se demande jusqu'où Philippe Delaby va encore progresser tant, à chaque album, l'auteur parvient encore et toujours à nous surprendre par ses visages et corps, dignes héritiers des statues grecques et romaines que nous a transmis l'histoire. Coté coloration, Jérémy Petiqueux succède à Dina Kathelyn sans aucune variation de style. Au passage, on ne peut d'ailleurs que regretter la façon dont le travail de ces excellents coloristes est à chaque fois aussi peu mis en valeur (aucune marque sur la première de couverture, pas même une mention dans le communiqué de presse).
La fluidité et l'expérience
Côté scénario, le travail de l'expérimenté Jean Dufaux est toujours d'une remarquable fluidité. Les qualités d'écriture de Jean Dufaux demeurent flagrantes (l'envolée lyrique page 35). On nous rappelle à l'esprit les principaux personnages : Murena, Massam, Néron... Un mystérieux justicier rentre d'ailleurs en piste, une femme au masque rouge, qu'on croirait inventée pour rendre hommage au travail de Patrick Cothias. Ce cinquième album est celui avec lequel le nouveau césar Néron, toujours aussi manipulé, commence à sombrer dans la paranoïa et la démesure. Le récit est par ailleurs rythmé par une vertigineuse course de char. Enfin, on relève toujours cet aspect un peu pédagogique, avec le glossaire en fin d'album, grâce auquel Jean Dufaux révèle le coté réaliste ou fictif de chaque passage spécifié de l'histoire.
Murena continue de figurer parmi les ouvrages de bande dessinée actuels les plus impressionnants, tant par son souffle graphique que par le justesse et l'expérience de son scénario. Un incontournable.