Le Montreur d'histoires
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 01/08/2011 (En mai 2011 est sorti une merveilleuse bande dessinée de Zidrou et Raphaël Beuchot. Krinein l’a laissée passer mais se rattrape ici. Ne faites pas comme nous, découvrez au plus vite cette histoire de rêve.
Juillet-août marque une pause dans les parutions des maisons d’édition. C’est l’occasion pour la rédaction de Krinein de parler de quelques bandes dessinées de cette première moitié d’année qu’on a oublié ou qu’on n’a pas pris le temps de lire. On essaie de se rattraper ici.
DR.« Il était une fois », de son vrai prénom, Souleymane, est marionnettiste. Il raconte des histoires, de belles histoires qui font rêver les enfants comme les grands. Il est l’attraction quand il arrive dans un village avec sa roulotte. Et il a toujours du succès car les gens ont besoin de rêver. Mais il est un pays où les histoires sont interdites et dont les rêves sont un luxe. Dans ce pays, Souleymane y a perdu les mains mais pas l’envie de raconter des histoires.
Zidrou (proTECTO, Lydie) et Raphaël Beuchot (lauréat du prix Raymond Leblanc en 2008) sont respectivement le scénariste et le dessinateur de ce merveilleux conte. Conte africain de par les personnages et le lieu où se déroule l’histoire. Mais aussi conte universel de par la portée et la beauté du propos. La plume plus forte que l’épée, jamais cette expression n’aura pris autant de sens. On suit Souleymane dans sa volonté de raconter ses histoires et de s’opposer à la machette de Salif, le tortionnaire de tout un village. L’histoire est violente, cruelle, mais aussi attendrissante, poétique et porteuse d’espoir.
DR.On vibre au gré des cases. On ressent la colère, mais aussi le stoïcisme de « il était une fois » qui nous ramène à la raison. Si le scénario est fantastique (dans le sens de génial), le dessin participe à cette impression. La tranquillité et la béatitude du personnage principal est contagieuse. Le trait clairsemé, les cases épurées, Raphaël Beuchot nous fait rêver dans un monde réel et cruel.
L’implication du lecteur dans l’histoire se fait tellement naturellement qu’en lisant ce livre, il passe par de nombreux sentiments : la joie, le rêve, la colère, la haine, l’incrédulité. Totalement irréelle (quoique...) cette histoire arrive pourtant à nous persuader du pouvoir des mots. Une petite pépite pleine de joie.