4.5/10Médée - Tome 1 - La toison d'or

/ Critique - écrit par riffhifi, le 27/06/2009
Notre verdict : 4.5/10 - Mayday ! (Fiche technique)

Tags : medee tome toison jason renot ersel glenat

Alors, nous disions donc : 200g de complot du Vatican, quelques nazis, 150g d'ésotérisme... je vous mets un peu de cul avec ? Oh allez, un peu de cul ça fait pas de mal... Bon, ça vous fait 11.50€, je vous l'emballe ou c'est pour consommer de suite ?

Il n'y a pas à douter que l'ésotérisme et les intrigues qui impliquent le Vatican ont le vent en poupe. Résurgence d'un besoin d'appartenance religieux ou, au contraire, envie de rébellion facile contre un système ringardisé depuis longtemps ? Toujours est-il que, outre l'actuel succès cinématographique de la grosse machine Anges & démons, on voit fleurir bon nombre de fictions oeuvrant dans le genre, notamment chez Soleil qui lui consacre généreusement une collection entière labellisée "Secrets du Vatican". Au moins on sait ce qu'on mange. Chez Casterman, l'approche est plus subtile. Néanmoins, on imagine le travail du scénariste Renot en quête d'une histoire susceptible de cartonner : « Hé mec, j'ai besoin d'un truc mystique là, tu pourrais pas m'aider ? - M'aider ? - Ah ouais tiens, pas con, je vais ... et tripote-moi les seins.
... et tripote-moi les seins.
faire une BD sur Médée ! Merci mec ! - Euh... de rien... »

1938. Un évêque dont on ignore le nom (fait exprès ? maladresse ?) convoque dans le plus grand secret un de ses prêtres pour une mission de la plus grande importance ; il faut récupérer la toison d'or. Coup de bol, le prêtre s'appelle Jason (ça tombe bien) et se nomme Adam (tant qu'à faire). La page de garde nous le montre comme un sosie de Montgomery Clift, mais rien ne le prédispose à vivre une aventure pleine d'action, contrairement à son homologue de la série Le Janitor par exemple. Dans ces conditions, pourra-t-il faire face aux vilains nazis (ach ! nicht gut !) qui cherchent eux aussi la toison ? Et en fait de toison, n'est-il pas préférable de se contenter de celle de Médée, chaudasse mythologique dont la mission divine consiste à se taper tous les personnages de l'album, toutes époques confondues ?

L'album n'est pas à proprement raté, ni bâclé ou conçu dans une volonté manifeste ... et je vais te tripoter la bite.
... et je vais vous
tripoter la bite.
de foutage de gueule. Le dessin soigneusement réaliste d'Ersel (repreneur de la série Les pionniers du Nouveau Monde, il ne se laisse pas oublier puisqu'il appose sa signature en toutes lettres sur 35 des 46 planches) souffre essentiellement du défaut inhérent à son style : les physionomies apparaissent souvent figées et peu expressives. Quant au scénario de Renot, basé sur une idée d'Ersel (voir le premier paragraphe ?), il est construit sur une alternance entre les années 30 et l'époque biblique, et reflète une documentation historique et mythologique studieuse. Mais l'académisme de l'ensemble, l'impression d'avoir déjà vu ou lu quelque part chaque élément de l'intrigue (jusqu'au final « Indiana Jones » !), et la vue d'une Médée exhibée en porte-jarretelles pour les seuls besoins du racolage font de cette production un exercice de style un peu trop facile à ranger sur l'étagère des productions commerciales. Dites, même la couverture reprend celle du dernier Spirou, avec sa croix gammée déployée sur un fronton d'immeuble. Mais à deux semaines d'intervalle, on ne peut pas sérieusement parler de copiage sur ce point-là.