8.5/10Le Janitor - Tome 1 - L'ange de Malte

/ Critique - écrit par iscarioth, le 23/04/2007
Notre verdict : 8.5/10 - Good-exploitation (Fiche technique)

Le Janitor soulève un véritable espoir. La possibilité qu'une série, qui ne semble pas se cacher de se lancer sur le marché telle une franchise, puisse aussi être reconnue comme une marque de qualité, de fond et même de novation.

Il est des projets qui réunissent des calibres, Le Janitor, nouvelle série lancée par Dargaud, en est un. Jugez-en par vous-même : François Boucq, l'un des maîtres de la collection A Suivre, dessinateur de Bouncer, associé à Yves Sente, le repreneur historique du Lombard, du Journal de Tintin et de Blake et Mortimer. Deux pontes de la bande dessinée franco-belge, s'il en est.


Au regard de la première de couverture, une impression négative nous prend. Sente et Boucq tenteraient-ils de créer un personnage plutôt que d'élaborer une histoire ? Les mauvais souvenirs de XIII et d'autres dérives van-hammiennes nous reviennent en tête. Un personnage à gueule, prêt à se lancer dans d'innombrables et d'interminables aventures, dans une série au nom qui lui est tout dédié... Bref, un concept plutôt qu'un bon scénario. A la lecture, on ne constate qu'une moitié d'erreur... Mais qu'importe, Yves Sente et François Boucq se montrent à la hauteur de leur flatteuse réputation.

Les auteurs posent bien ici les jalons d'une série reposant entièrement sur un personnage clé et emblématique. Mais nos deux bonshommes le font avec excellence. On s'immerge dans l'univers proposé de la façon la moins didactique qui soit. C'est véritablement reposant de lire une histoire contée par des auteurs qui savent planter un décor sans lourdes scènes d'exposition ni d'artificiels dialogues. La narration nous met dans la peau de Vince, personnage-titre (et clé), en apparence séminariste, en réalité un agent du Vatican, que l'on envoie comme protecteur ou homme d'action. Efficace, Vince se voit recevoir une proposition, celle de passer dans l'ordre des "Janitores", que l'on compte au nombre de douze... Les gardiens de la chrétienté, ou plutôt les agents spéciaux du Vatican. A la lecture de ce synopsis, on est en droit de préjuger d'une série très typée, à la Wayne Shelton ou autre Imago Mundi. C'est encore une fois oublier qui sont aux manettes.


Avec le recul d'après-lecture, on se rend pourtant compte que la structure scénaristique de ce premier album est très typée, elle se divise en chapitres, tous incontournables dans l'exercice de la présentation du personnage. Tout d'abord, intériorisation, ensuite, scène d'action, puis, sexe, humour, questionnements personnels et mystère. Le Janitor nous présente un monde vaste abordant religion et spiritualité sans aucun voile ésotérique, mais plutôt sous l'angle de l'analyse et de la réflexion. Les dialogues sont élaborés, de qualité, et laissent pressentir un Vatican que l'on a construit comme un grand mystère politique, dépassant les limites plausibles de l'imagination. Sente surprend beaucoup le lecteur en posant une intrigue à fort enjeu de puissance au Vatican, un décor que l'on exploite peu sous cet angle.



En bref, Le Janitor soulève un véritable espoir. La possibilité qu'une série, qui ne semble pas se cacher de se lancer sur le marché telle une franchise, puisse aussi être reconnue comme une marque de qualité, de fond et même de novation. La suite !