7/10Mademoiselle Louise - Tome 2 - Cher petit trésor

/ Critique - écrit par gyzmo, le 11/04/2008
Notre verdict : 7/10 - Gueux mais pas trop (Fiche technique)

Tags : tome mademoiselle geerts louise salma andre livraison

Si Cher petit trésor se dote d’une meilleure finition visuelle que son prédécesseur, ses histoires étant plus axées sur l’émotion, elles n’arrivent pas toujours à la cheville de l’insolite originel.

Nous vous en avions précédemment parlé (ici) : d’abord disponible dans le catalogue de Casterman dès 1993, le premier tome à sketchs de Mademoiselle Louise connut un second souffle l’année dernière en rejoignant la collection “Punaise” des éditions Dupuis. Pour couronner cette nouvelle jeunesse, un troisième volume entièrement inédit avait été publié dans la foulée, redonnant ainsi une suite à la vie de château pourrie gâtée d’un petit bout de choux en quête profonde de modestie. Entre ces deux sorties, manquait à l’appel le titre intermédiaire paru alors en 1997 (toujours chez Casterman) et sous-titré Cher petit trésor. Depuis le début de ce mois, cette lacune a été réparée, nous accordant ainsi l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la mademoiselle et son entourage.


La formule n’a pas changé d’un auriculaire : une pointe de malice, occasionnée par des cadeaux exubérants à vous donner la nausée ; des caprices intelligents pour calfeutrer une absence paternelle décidément navrante ; des gags gentillets, des chutes bien conduites ; de la convoitise, beaucoup (trop) de convoitises… Malgré les mêmes mécanismes (situations improbables, quelques clichés, paradoxe des cultures), l’esthétisme s’est pourtant affiné. Le style graphique aborde des contours inattendus, creusant du côté de la caricature fantaisiste. Cette initiative se remarque surtout sous les traits décomplexés des nombreux animaux qui font leur entrée fracassante dans la saga. La patte de Geerts (Monde Cruel) domine, évidemment. Mais la présence du dessinateur Mauricet (Basket Dunk) dans les coulisses de Cher petit trésor a peut-être accentué le caractère accrocheur des dessins. La couleur bénéficie également d’une attention plus nuancée, et sans aucun doute plus libre puisque certaines colorations (des cieux, entres autres) donnent l’impression d’avoir été réalisées ex nihilo. Autrement dit : délivrées d’une quelconque directive drastique. Du coup, le rendu n’est pas que très agréable à regarder, il évoque surtout l’idée d’une collaboration artistique où chacun apporte sa petite touche personnelle. En ce qui concerne le background, le scénariste Sergio Salma fait prendre à quelques-uns de ses personnages principaux de la hauteur, alors que d’autres continuent de faire du surplace… comme le papa ultra superficiel ou la nounou conventionnelle. Au contraire, le méchant de service Dédé-la-veine s’humanise à travers des sketchs mettant en scène sa condition misérable (tournée en dérision) ou sa relation aigre-douce avec sa Chouchou (plus présente que jamais). De nouveaux personnages viennent gonfler les rangs (le chauffeur décontracté), d’autres refont surface (le beau réparateur). La figuration se fait plus nombreuse, multipliant les situations rocambolesques et les ouvertures périphériques autour de la tour d’ivoire de l’héroïne. Le clou du spectacle concerne la séquence où Salma revient sur la disparition de la maman de Louise. A partir de ce flash-back mémorable, l’auteur ne sombre pas dans le larmoyant et, comme à son habitude, retire le grain de drame de sa machine scénaristique parfaitement huilée à la cocasserie.

Cela dit, si Cher petit trésor se dote d’une meilleure finition visuelle que son prédécesseur, ses histoires étant plus axées sur l’émotion, elles n’arrivent pas toujours à la cheville de l’insolite originel. En seulement deux fournées, la franchise peine quelque fois à surprendre, tourne légèrement en rond. Mais est-ce que les jeunes lectrices trouveront cette séquelle rébarbative pour autant ? Pas certain. C’est même improbable tant le filon apparemment inépuisable de Mademoiselle Louise concède toujours une ou deux pépites qui méritent que l’on soit patient, voire charitable.