7.5/10Mademoiselle Louise - Tome 1 - Un papa cadeau

/ Critique - écrit par gyzmo, le 08/06/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Gavroche la belle vie (Fiche technique)

Tags : louise mademoiselle geerts tome salma andre sergio

Un premier tome à sketchs fort sympathique autour de la vie de château d'une petite fille malicieuse qui devrait séduire à coup sûr les jeunes lectrices.

En 1993, Casterman faisait rentrer dans les rangs de son catalogue une nouvelle série à sketchs pour bambins : Mademoiselle Louise, d'André Geerts et Sergio Salma. Quatorze années plus tard, les éditions Dupuis décident d'enrichir leur récente collection "Punaise" en ressortant de la poussière la vie pas commune de ce petit bout de choux. La republication des deux seuls tomes - mais pas seulement, puisque la franchise voit et verra d'autres péripéties inédites - est pour nous l'occasion de vous parler du volume d'introduction, Un Papa Cadeau :

Elevée par une nounou adorable, Mademoiselle Louise est en quelque sorte coupée du monde dans la propriété immense de son papounet plein aux as à pas savoir quoi en faire. D'ailleurs, pour combler son absence et celle de son épouse apparemment décédée, le paternel gave sa gamine de cadeaux prestigieux et disproportionnés, sans se soucier réellement des véritables envies de sa fifille. Car oui ! La miss pourrie et gâtée n'aspire en fait qu'à une seule chose : vivre dans la pauvreté la plus indésirable...


Mademoiselle Louise
Mademoiselle Louise
A partir de ce postulat, les auteurs auraient pu s'en donner à cœur joie pour imaginer des situations très rocambolesques. Mais malgré le portefeuille bien rempli du père de Louise, le scénariste Sergio Salma ne met en place que quelques situations vraiment improbables et farfelues - comme cet excellent sketch sur l'abri anti-atomique construit aux dimensions d'un enfant. Personnellement, je n'aurai pas craché sur un peu plus de démesure. Car même si les chutes sont bien amenées et font souvent sourire, la plupart des saynètes stationnent un peu trop entre le gentillet et le mignon. Du vilain kidnappeur malhabile au meilleur ami à la dèche, en passant par la nourrice très attentionnée ou le petit cousin péteux à tête de vieux, les personnages gravitationnels ne bouleversent pas vraiment les clichés et très peu de surprises naissent de leur exploitation par rapport à ce qui se ferait maintenant. Heureusement, la petite Louise bénéficie d'un sacré caractère à la Denis la Malice (version quelque peu aseptisée). C'est avec un regard toujours amusé que l'on suit ses tentatives espiègles de contourner les règles ou d'attirer / détourner l'attention. Il y a sans doute également un peu de Jojo en elle. Pas étonnant, puisque derrière les traits de la demi moiselle (et de tout son joli monde), le démiurge Geerts - auteur du percutant diptyque Monde Cruel, une petite référence faisant écho aux célèbres illustrations de Monsieur Sempé - manipule avec adresse encre d'ébène et pinceaux multicolores. La réalisation graphique est foisonnante de petits détails et d'attentions. Les couleurs explosent à la figure. Les attitudes et les pauses sont gracieuses et adroites, justement caricaturées. Pas de polémique à lâcher en pâtures : la qualité visuelle est bel et bien au rendez-vous et demeure encore aujourd'hui une aubaine pour les mirettes.

Voilà donc un premier tome à sketchs fort sympathique autour de la vie de château d'une petite fille malicieuse qui devrait séduire à coup sûr les jeunes lectrices (plus que les garçons). Cela est d'ailleurs astucieux de la part des auteurs d'avoir choisi comme héroïne une châtelaine qui rêve en douce de misère. Il y a dans cet angle d'approche scénaristique un curieux parfum d'audace. Et dans notre époque actuelle où les enfants conditionnés par les médias ne prêchent que pour le strass et ses paillettes, la (re)mise en lumière de cette série a quelque chose de tout à fait pertinent. Mais au terme de ce premier volume, l'addition est peut-être trop sage pour entraîner dans son sillage un plus large public. Cela étant dit, et sachant que les prochains volumes iront pêcher de véritables petites perles d'humour, la découverte de ce titre n'est pas une perte de temps pour se familiariser avec une clique au potentiel plus que prometteur.

Visuel © Dupuis 2007