Léonard - Tome 39 - Loué soit le génie
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 23/03/2009 (Tags : leonard tome genie jeunesse jeux groot turk
Avec des gags sur plusieurs pages et un intérêt renforcé pour les personnages périphériques, cet album réitère l'essai de son prédécesseur, et y trouve plus de succès.
Léonard revient avec un 39e album, et si le millésime n'est pas à la hauteur de la grande époque des débuts de ce personnage, il a au moins le mérite de ne pas aller plus bas que son direct prédécesseur. Si ce devait être le cas, il faudrait alors considérer la série comme un infernal escalier promis à la médiocrité, voire même la nullité. Mais non, tout va plutôt bien, et malgré que l'on sente que De Groot fatigue un peu, ou passe peut-être un peu de mode de temps à autre, le résultat reste honorable. On souhaiterait certes que le titre garde la même énergie que d'autres créations de l'auteur, comme Robin Dubois, dont le 21e tome constitue encore une leçon dans le genre. Mais le vieux génie italien accuse un peu son âge et la ritournelle incluant le réveil invariablement violent du disciple tourne de plus en
La rébellion est en marche plus court (même si l'auteur fait tout son possible, et généralement avec succès, pour conserver tout son intérêt à ces passages purement sadiques).
A la lecture de l'album on comprend quelque chose : De Groot est un grand, et son talent consiste aussi à se remettre en question. Comme s'il avait pris conscience des remarques étalées plus haut, il change visiblement son fusil d'épaule. On sent bien la volonté d'éviter à Léonard de devenir une série à cacheton, où il suffirait de réveiller le disciple avec de la dynamite pour aider son maître à inventer le radio-réveil ou le frigo, ou tout autre appareil que l'auteur croiserait entre son lit et le local poubelle.
En effet, la série se développe, et en premier lieu autour de ses différents acteurs. Déjà pourvus de prénoms et de personnalités de plus en plus marquées, les personnages périphériques revêtent à chaque fois plus d'importance. En premier lieu, le chat Raoul, qui une fois encore se trouve être la vedette d'une historiette sur 4 pages et prend de toute façon de plus en plus d'importance dans toutes les pages. Basile le disciple, quant à lui, ne se prend plus de coup de tromblon dans la trogne pour le seul intérêt de son réveil, et n'est plus seulement la victime des aléas techniques des inventions. Il commence à être la cible de la jalousie de Léonard, car de plus en plus (ce qui est, après tout, normal au contact du maître) il est l'initiateur des découvertes qui rythment les ouvrages. Aidé et supporté par M
Jusqu'où ira-t-elle ?athurine, Raoul, Yorick et Bernadette, c'est lui qui trouve les idées (et pas seulement les plus mauvaises), ce qui énerve Léonard et le pousse à lui fumer la tête.
Dans un second temps, une part plus belle est aussi faite aux histoires sur plusieurs pages, laissant un peu de côté le format sur page simple, domaine où De Groot excelle pourtant. Comme pour l'album 38, les passages impulsifs de la page simple se font plus rares, malgré l'avantage certain qu'ils offrent à la BD. Ceci dit, contrairement à son prédécesseur, cet album s'entend mieux avec les histoires plus longues, et ce surtout à la faveur des ponctuations visuelles de Turk, qui n'a pas son pareil pour faire rire, et encore après 33 ans, avec une tête de disciple flambée.
Si les aboutissements sont donc sensiblement toujours les mêmes, le chemin s'étoffe de nouvelles directions, expérimentées dans les albums précédents et qui commencent à trouver une identité satisfaisante. Et même si elles ne donnent pas toujours des chutes très bonnes, elles ont toutefois le mérite de tenter autre chose que des recettes épuisées. Au final, le tout passe assez facilement et dans la bonne humeur, grâce en partie aux gags visuels de Turk et à la grande maîtrise des onomatopées des auteurs, éléments de cohésions qui ne vieillissent décidément pas.