7.5/10Kookaburra - Tome 6 - L'héritier des âmes

/ Critique - écrit par athanagor, le 19/05/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Bourré au Coca (Fiche technique)

Tags : kookaburra tome mitric nicolas crisse soleil jeunesse

Après la réalisation de la prophétie, l'univers a comme qui dirait été balayé. Dragan Preko, survivant du sinistre, n'est pas trop triste, non... car heureusement il reste plein de super meufs !

A la base, un Kookaburra c'est un Martin-pêcheur d'Australie, qui mange des serpents et dont le petit nom est « Dacelo novaeguineae », de la famille des alcénidés. Pour aller un peu plus loin, disons qu'il possède une place assez enviable dans le système de croyance aborigène, vu que c'est son cri qui signale aux gens qui habitent le ciel d'allumer le feu qui réchauffe la terre dans la journée.

C'est apparemment sur ce pan mythologique que Crisse a construit le premier cycle en 5 volumes de la série, en en dessinant les trois premiers tomes et laissant Nicolas Mitric s'occuper des deux derniers.

Cet album, ouvrant le deuxième cycle, prévu jusqu'au tome 10, est le seul fait deDrôle de ronds de jambes
Drôle de ronds de jambes
Nicolas Mitric, scénariste et dessinateur. Rien d'étonnant à cela, Kookaburra étant devenue une véritable franchise où s'expriment nombre de dessinateurs et de scénaristes, particulièrement avec la série parallèle
Kookaburra Universe, qui complète la série-mère par le récit des aventures passées des personnages principaux.

Ce tome s'ouvre donc sur la destruction de l'univers du tome 5 (qu'on a pas pu tous forcément voir, vu que beaucoup d'entre nous sont morts à ce moment-là), et sur le ressenti de Dragan Preko, personnage central de la série, vis-à-vis de cet instant légèrement stressant. Passé les cinq pages d'introduction, présentées dans un flamboiement  de couleurs vives et évocatrices, Mitric nous entraîne sur la planète des Thankars argentés (beaucoup plus humbles que les Thankars dorés, et avec quand même plus de classe que les Thankars bronzés) et nous initie à leurs coutumes tranquilles et pacifiques, faites de philosophie du renoncement ultime, guidés qu'ils sont par la sagesse de leur couple divin, Thankorat et Thanikara.

Contrastant férocement avec le chaos des pages d'introduction, cette observation ... et apporte une bière, j'crève là-d'dans...
... et apporte une bière, j'crève là-d'dans...
quasi anthropologique de ce peuple poilu n'ennuie pas une seconde, grâce au rythme impulsé à la description de l'épisode initiatique auquel le lecteur est convié, et bien sûr, grâce à l'excellent trait de Mitric, et à Lamirand, en charge de la couleur. Ainsi on regarde avec amusement les deux frères, jeunes personnages principaux de cet épisode, passer leurs deux dernières journées en tant qu'enfants, jouer, dormir, se lancer des défis, sans avoir l'impression de subir un remplissage lourdingue de l'auteur qui ne sait pas comment délayer son histoire. La conclusion de l'épisode des Thankars offre, sans volonté aucune d'en imposer ni de se la raconter, un point de vue sur la soumission psychologique et l'auto-persuasion du groupe par le groupe, découlant de situations intenables pour l'estime de soi et des siens, et dans le cadre présent, quand les conditions de survie dépendent de ressources limitées.

Avant de conclure l'album sur le devenir d'un desToutes sortes d'oreillers
Toutes sortes d'oreillers
Thankars argentés, annonçant à n'en pas douter les premières pages du tome 7, on retrouve Dragan Preko, qu'on hésite à appeler Perko, apprenant qu'il est propriétaire d'un bar. La scène s'y déroulant (dans le bar, pas dans Preko) fait immanquablement penser à l'altercation dans le bar de Mos Eisley sur la planète Tattoine, tant l'imagerie emprunte à Star Wars et à sa galerie de monstres et extraterrestres improbables, et tant l'action est menée avec la vivacité d'un montage cinématographique nerveux, Preko campant un ersatz acceptable d'un Han Solo parvenu, entouré qu'il est de nanas dessinées avec des tenues tellement moulantes qu'on croirait qu'elles sont nées avec.

Au final, loin de se jeter à corps perdu dans une philosophie qui aurait vite fait de devenir de comptoir, Mitric livre un opus distrayant, parsemé de personnages attachants, dont les conditions de l'inévitable rencontre prochaine titille l'intérêt et amenuise la patience dont saurait faire preuve le lecteur en attente du tome 7.