9/10Jerry Spring - Intégrale 2 - Tomes 5 à 8

/ Critique - écrit par plienard, le 09/11/2010
Notre verdict : 9/10 - La dernière séance (Fiche technique)

Tags : jerry spring jije tome integrale dupuis album

Cette seconde intégrale offre une évolution du personnage de Jerry plus active. Si les albums contiennent les valeurs morales du dessinateur, ils sont aussi des modèles pour de futurs grands de la bande dessinée et de la chanson.

Suite et fin des aventures de Jerry Spring et intégrale n°2, ce gros volume se présente avec une couverture rouge alors couverture intégrale n°2
couverture intégrale n°2
que la première avait une couverture bleue. Si elles ne sont pas sexy pour deux sous, le contenu vaut son pesant d'or.

La passe des indiens (1958)

Un chariot composé d'une femme, d'un homme et d'un jeune garçon s'engage dans la passe des indiens. Quoique peu engageante et rassurante, la passe a été nettoyée, il y a quelques années, des indiens qui pouvaient vous tendre une embuscade à tout moment. Pourtant l'équipage tombe né à né avec un indien esseulé et armé d'un arc. L'incident tant redouté va se produire.

Cinquième épisode des aventures de Jerry Spring, Jijé a fait évoluer sensiblement son personnage. S'il pouvait être un peu niais dans les aventures précédentes, il va faire preuve, ici, de plus de capacité d'entreprise. Il va aussi être moins dupe du comportement de ses congénères blancs. Il a pris de l'expérience et ça se voit.

La piste du grand Nord (1958)

Venu chercher le témoignage d'un prisonnier, Jerry Spring reçoit les révélations d'un autre prisonnier, nommé Hawkins. Convaincu par son histoire, Jerry décide de l'aider à prouver son innocence. Accompagné de Pancho, son fidèle mexicain, ils se dirigent vers la frontière canadienne à la recherche d'un grand roux et d'un métis.

L'or du vieux Lender (1958)

Se dirigeant vers la Californie, Jerry et Pancho voient un cavalier  se faire tuer sous leurs yeux. Ils n'ont malheureusement pas le temps d'identifier l'assassin. Ils décident de ramener le corps à la ville la plus proche, San Felipe, où le shérif leur apprend l'identité de la victime. Il se nommait Svenson et était associé à Lender, un vieil homme qui exploite une mine et qui craignait pour leur vie pensant que quelqu'un voulait voler leur or.


Si le personnage de Jerry a gagné en assurance, Pancho, lui, a aussi évolué. Mais moins à son avantage. Son rôle est à présent moins prédominant. Il est plus une doublure, toujours prête à un bon jeu de mot et ne pensant qu'à se reposer. C'est surtout visible dans la seconde histoire où le seul leitmotiv du mexicain sera de partir vers la Californie plutôt que de se mêler des histoires du vieux Lender. On notera aussi que les textes sont signés
René Goscinny, mais que le scénario aura été très peu suivi par Jijé. Il aura d'ailleurs cette réflexion : Goscinny est un scénariste d'une rigueur parfaite (...), et j'ai peut-être raté le coche en ne devenant pas SON dessinateur, mais vous me voyez dessiner Astérix ?

Le ranch de la malchance (1959)

Jerry et Pancho ont l'art de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. S'abritant à l'ombre d'un gros rocher, ils voient une diligence se faire attaquer. N'écoutant que leur courage , ils décident de s'en mêler. Une nouvelle aventure qui les amènera à déjouer un complot de propriétaire terrien.

Enquête à San Juan (1959)

Appelé par le shérif pour enquêter que une série de meurtres à San Juan, Jerry empêche de justesse le lynchage d'un pauvre bougre accusé de meurtre. Pourtant tout l'accuse. Mais pour Jerry, qui sait reconnaître un honnête homme rien qu'en le regardant, les choses sont un peu trop simples.

Le testament de l'oncle Tom (1959)


En plein désert, Jerry et Pancho découvrent un indien navajo mort. Après une étude approfondie des traces, ils comprennent qu'il a été abattu dans le dos et que le meurtrier s'est enfui dans la direction du Nord. Pancho décide alors de le prendre en chasse pendant que Jerry se rend à son rendez-vous.

Cet album riche de trois histoires est sans doute le moins intéressant. Les histoires sont trop courtes mais laissent le champ libre à l'action. Et les histoires sont du coup moins fouillées. Il y a peu de suspens. Jerry et Pancho ne font aucune faute et chaque option qu'ils prennent est gagnante. Et si vous êtes comme moi, vous vous demanderez encore pourquoi l'album porte le titre Le ranch de la malchance ?

Les 3 barbus de Sonoyta (1959)

Jeremiah Mc Coy, le frère du shérif a des problèmes et Jerry se propose de l'aider. L'homme est un peu bourru et avec ses amis Tom Paterson et one eyed Slim Jones, ils forment un trio de barbus (d'où le titre !) bourrus et menacés par des bandits depuis qu'ils ont découvert un sac vide de la banque mexicaine volé il y a quelques années. Et c'est quand deux des trois barbus vont être enlevés que les choses sérieuses commencent.


Retour à une complète sur un album, et ça fait du bien. Et chose que l'on avait remarqué dans Le ranch de la malchance, c'est la présence d'une femme. Toujours jeune et sexy, il y a enfin une touche de féminité dans les histoires, mais cela reste très discret. Et leur rôle, loin d'être celui d'une potiche, n'est pas très important. Elles ont cependant un sacré caractère et n'aiment pas le côté macho et condescendant de leurs homologues masculins. Et si Jerry se permet quelques réflexions machistes ce n'est pas désobligeant (il s'en excusera d'ailleurs) mais c'est plutôt son côté paternaliste. Elles participent aussi à l'action sans jamais se battre (nous ne sommes qu'à la fin des années 50).

Avec cette seconde intégrale, Jerry prend peu à peu sa place de héros et relègue Pancho à un rôle moins important, plus drôle. Cela vient aussi du fait qu'il y a moins d'histoires avec les indiens et à chaque fois qu'on les voit, Pancho est tout de suite plus présent. Cela démontre que Jijé a très bien défini le rôle de ses personnages. Et même si les personnages ont  des valeurs chrétiennes qui tiennent à son éducation, il mêle de façon admirable intrigue et discours moralisateur. En bonus dans le cahier qui agrémente les intégrales chez Dupuis, une interview d'Eddy Mitchell, grand amateur de BD et admirateur de Jerry Spring.