Jason Brice - Tome 2 - Ce qui est caché
Bande Dessinée /
Critique
- écrit par riffhifi, le 07/12/2009
Tags : jason brice tome alcante jovanovic livres milan
Fantastique et policier se télescopent dans le Londres des années 20. Un classicisme de bon goût au service d'une histoire de prémonitions stimulante.
Après un premier tome rondement mené mais qui se suffisait à lui-même, Alcante et Jovanovic parviennent sans heurt à relancer la machine, prolongeant l'intérêt habilement et créant de nouvelles interrogations pour le tome 3 à venir.
L'histoire commence par un flash-back éloquent, montrant Jason Brice en plein cœur de la première guerre mondiale, vivant un épisode traumatisant qui l'aide à se forger l'idée que chacun est maître de son destin. Retour au présent (les années 20) : Jason vient d'accomplir malgré lui une prophétie rédigée par un certain Morgan Fatoy plusieurs années plus tôt. Vexé, intrigué et légèrement terrifié par cet événement, le détective se relance à corps perdu dans une enquête décidément pleine de surprises...
Après le galop d'essai que constituait le premier tome, le scénariste Alcante et le dessinateur Milan Jovanovic enrichissent leur série d'éléments supplémentaires, offrant ainsi un développement du portrait de Jason Brice, un flash-back situé en Egypte... Mystères et boules de gomme s'égrènent au fil des pages sur un thème déjà vu mais toujours intéressant : la réalité créée par la fiction. Un concept croisé dans le film L‘incroyable destin de Harold Crick, dans un épisode récent de la série TV Supernatural... L'atout majeur de la présente bande dessinée est son côté "polar des années 20", qui permet de jouer à la fois sur des décors vieillots (et britanniques, nous naviguons entre London et l'Ecosse) et sur la construction d'une intrigue farcie de suspense et de violence (très supportable, car la série reste familiale).
... qui a mis un pénis dans
les pages de ce livre ?!Le dessin, s'il reste globalement un peu figé, sait se faire dynamique (la scène du zoo, le bordel) et offre de belles ouvertures dans les cases panoramiques présentant un paysage (pages 49 et 50) ou même une rue londonienne enneigée (page 31), et bénéficie d'une mise en couleurs (signée Sébastien Gérard) jouant essentiellement sur les ambiances nocturnes ou orangées.
Les amateurs de clins d'œil internes s'amuseront des titres arborés par les ouvrages de Morgan Fatoy : Pandora Box (du titre de la BD scénarisée par Alcante), The Snake under the Ice (du titre de la trilogie Le serpent sous la glace dessinée par Jovanovic sur un scénario de Frank Giroud). Pivot de l'intrigue, le mystérieux écrivain reste aussi insaisissable qu'invisible, et laisse à de nouveaux personnages la place de se développer. Une amoureuse pour Jason ? un gamin lui aussi porteur d'un lourd secret ? On attend de voir ce que les auteurs feront de tout cela dans le prochain tome, amorcé par une fin d'épisode pleine d'interrogations. On souhaite bien entendu que le rôle-titre y gagne encore davantage en épaisseur, et que le scénario y trouve une résolution nerveuse plutôt qu'une tentative de prolonger la sauce sur un nombre d'albums trop important (syndrome XIII...).