7/10Jacques - Tome 1 - Le petit lézard géant

/ Critique - écrit par riffhifi, le 09/01/2008
Notre verdict : 7/10 - Lézard forain (Fiche technique)

Tags : lezard jacques geant petit libon tome cavaliers

Un Godzilla de poche à Trifouilly-les-Oreillettes : Libon version familiale, moins débridé que Hector Kanon mais bien divertissant quand même.

Libon est un agent double : à peine remis de sa première publication chez Fluide Glacial en novembre avec Hector Kanon, il sort ce mois-ci chez Dupuis cette histoire de lézard, dont l'origine remonte à septembre 2004. Car Libon est tout simplement bédétiste pour Fluide et Spirou en même temps, ce qui n'est pas un contresens quand on pense au rapprochement global de ton et de population des deux magazines.

Godzilla, vous connaissez ? Celui de Roland Emmerich en tous cas : un petit essai nucléaire dans le Pacifique, et hop, le margouillat (c'est comme ça qu'on dit à la Réunion, je voulais le caser) se change en monstruosité de 30 mètres de haut. Sauf que dans le cas de Jacques, c'est un mini-bombinette qui lui tombe sur le coin de l'œil ; il ne grandit donc que d'un mètre et des poussières, mais acquiert du même coup le don de la parole. Trop petit pour écraser des buildings, mais bien suffisant pour terroriser malgré lui la population du « bled du coin » (sic, on n'aura pas plus de précision).

Lézard plastique
Lézard plastique
Le ressort comique principal ici, c'est la perception que les autres peuvent avoir du lézard fraîchement muté : l'une y voit un gnome de l'enfer, l'autre croit trouver le monstre du Loch Ness (« dans la mare du caneton... »), et le directeur du piteux cirque local a le réflexe immédiat d'en faire une attraction sous le nom du « crocodile qui marche ». Pendant ce temps, Jacques (qui reste longtemps sans patronyme, en fait, mais optons pour la facilité et appelons-le Jacques) ne cherche qu'à se nourrir, si possible de papillons (bien que des papillons à sa nouvelle échelle ne soient pas monnaie courante).

Si la fable est classique, le traitement est immédiatement reconnaissable : il s'agit bien de l'auteur de Hector Kanon. Le style visuel est strictement le même, à la seule Lézard et métier
Lézard et métier
différence que les histoires font cinq pages au lieu de quatre. L'humour, en revanche, est sensiblement plus familial que la décadence trashouille de Kanon, plus acceptable dans Fluide. Ici, les jurons et autres obscénités sont proférés en bordure de phylactères, afin d'être à moitié coupées pour le bonheur des parents qui pensent leurs enfants protégés et de ces derniers qui ne sont pas dupes. Mais le sens du ridicule qui touche Kanon et rend l'album de Fluide si efficace ne peut pas affecter le gentillet varan atomique, et bien que les personnages aient globalement des trognes bien rigolotes, on ne peut s'empêcher de trouver l'ensemble un peu timoré et un poil répétitif. On a bon espoir, pourtant, que Jacques fasse un retour prochain, dans une intrigue plus étoffée.

Libon continue donc sa percée ; les inconditionnels du petit nouveau se procureront Hector Kanon et Jacques le petit lézard, et ils n'auront pas tort. Pour ceux qui n'en veulent qu'un, on conseillera plutôt le premier...