Imago Mundi - Tomes 7 et 8
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 19/06/2006 (Tags : eric tome mundi imago corbeyran braquelaire achille
Critique des tomes 7 et 8 : une série bande dessinée qui met la barre très haut dans le comique non intentionnel.
Nos aventuriers sont de retour ! Après avoir foulé le sol du Moyen Orient, les voilà embarqués dans une nouvelle expédition, côté Pacifique, cette fois. De petites îles volcaniques entre la Russie et le Japon : c'est dans ces territoires qu'une trace de vie néolithique doit être explorée. Mais là où Imago Mundi se déplace, la banale mission archéologique se transforme toujours très rapidement en coup d'éclat aventurier et en magouille déjouée.
« ... du positron et de l'électron, le mini-atome qu'ils forment, à savoir le positronium... »
Le septième épisode, Les orgues de Simushia, se déroule dans l'archipel des Kouriles et le huitième, L'héritage Jomon, en partie au Japon. La continuité entre les deux épisodes est moins nette que sur les précédents diptyques. Il y a toujours, depuis le début de la série, cette part de scientificité, plus ou moins vulgarisée. De lourds dialogues explicatifs ponctués (ou soulagés) de petits clins d'oeil taquins entre les personnages. Tout cela sonne bien évidemment très artificiel. Ces dialogues sont à la fois trop simplifiés pour simuler une véritable discussion entre spécialistes et trop élaborés pour prendre à parti le lecteur désintéressé. En dehors de son aspect documentaire fouillé, Imago Mundi propose peu. De l'action, de l'aventure et un faible relationnel entre les personnages. Tandis que le septième tome fait monter le suspense au travers du mécanisme du contre-la-montre et de l'action, le huitième album donne plus dans l'enquête.
Echangez votre bon vieux « merde » contre un « shit » plus classieux...
Les premières pages de ce nouveau double récit nous rappellent l'amorce des séries d'aventure traditionnelles comme L'agence tout risques ou Mission Impossible. Le grand gourou accepte une mission et rappelle à lui ses sbires. La très élancée Leia s'extirpe de ses draps de soie et expulse son rital d'un soir avant d'appeler à son tour Loïc, notre jeune et beau sportif gambadant sur les plages bretonnes. On n'échappe bien évidemment pas aux clichés du genre. Il y a le traditionnel dialogue final entre super méchant et super gentil, avant l'exécution bien évidemment avortée par l'arrivée fracassante des hommes d'action. Les amateurs de nanar apprécieront que, pour ce double épisode, les auteurs ont ressorti les bons vieux ninjas de nos belles années quatre-vingt. On retiendra aussi l'armée russe comme dans un bon vieux James Bond et le coup de téléphone portable au beau milieu d'une explosion volcanique. Mais le passage le plus ridicule, peut être le plus marquant de cette année, se situe page vingt-sept du tome huit. Notre fringuant Loïc se retrouve à quatre pattes, braqué par un yakusa prêt à faire son office de bourreau. Non sans rappeler Bruce Lee dans le Jeu de la mort, Loïc désarme son assaillant d'un coup de pied retourné en appui sur les mains. Problème. D'une vignette à l'autre, Loïc passe de la position allongée de dos à celle d'allongée de face sans autre forme d'explication !
Rajoutez à ces montagnes de clichés et de maladresses un dessin inexpressif et sans consistance et une coloration informatisée flashy du plus mauvais goût. Saupoudrez le tout d'une esthétique très « années quatre-vingt », complètement en décalage avec l'ultra modernité technologique avancée et vous obtenez Imago Mundi, une série bande dessinée qui met la barre très haut dans le comique non intentionnel.