Imago Mundi - Tomes 5 et 6
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 26/05/2005 (Tags : tome mundi imago corbeyran eric braquelaire achille
Critique des tomes 5 et 6 : Imago Mundi, c'est une série qui relève d'un genre que beaucoup appellent dédaigneusement « le divertissement ». Une « bonne distraction ».
Une structure originale
La série Imago Mundi s'articule d'une façon originale. Elle est composée de diptyques plutôt indépendants les uns des autres, que l'on peut lire individuellement sans forcément avoir eu entre les mains les précédents épisodes. Vous pouvez donc entamer la lecture de ce troisième diptyque, ou « dossier », formé par les tomes 5 et 6, sans avoir à vous procurer les quatre tomes précédents.
Imago Mundi est une agence spécialisée dans les recherches archéologiques. Elle est composée de trois membres : Leia, une jolie blonde élancée, Loïc, un grand brun tout en muscles et Harald, le vieux manitou à la barbe blanche... Une agence non-gouvernementale au top et un peu glamour... Vous avez dit déjà vu ?
Babylone
Imago Mundi, c'est un étrange mélange d'archéologie, de nouvelles technologies, d'élucubrations géopolitiques et d'action. Le décor choisi pour ce troisième dossier : l'Irak. Fort heureusement, Corbeyran évite de s'étaler sur le conflit armé, même s'il n'a pas pu s'empêcher d'y aller de sa petite morale fataliste et bien-pensante dans la toute dernière planche du diptyque. Mais le principal est là : on évite le manichéisme.
Classique et scientifique
Le scénario d'Imago Mundi, c'est un cheminement classique et un fond lourdement scientifique. Les personnages sont très limités : les trois lurons de l'agence sont soit des stéréotypes (Loïc, un action man bien viril) soit des images transparentes, vides de personnalité (la très blonde Leia). Imago Mundi est aussi prévisible qu'un feuilleton américain. Dès les premières pages, on anticipe les drames à venir, on connaît déjà ceux qui vont mourir et ceux qui vont s'en sortir. On est sans arrêt en avance de dix pages et l'on flaire les trahisons de très loin. Reste le contenu très scientifique des albums. Là aussi, on s'ennuie. Les passages de dialogues lourdement explicatifs arrivent au bon moment pour nous endormir, entre deux scènes de course-poursuite.
Le baroquisme numérique
Le dessin de Brahy est classique. Aucune surprise, pour une bande dessinée d'aventures, on a l'impression de parcourir un album de Francq (Largo Winch). Entre classicisme et fadeur, il n'y a qu'un pas, surtout lorsque le scénario n'arrive pas à captiver. Graphiquement, Imago Mundi agace surtout pour ses couleurs. La coloration à l'ordinateur de Marquebreucq n'a aucune âme, aucun charisme. Il serait intéressant d'avoir en main les planches originelles d'Imago Mundi, tellement la coloration de Marquebreucq prend le pas sur le dessin de Brahy, très épuré, parfois même absent. De nombreuses trames, d'innombrables arrières plans, sont intégralement constitués par la couleur. Il n'y aucune alchimie entre la plume noire de Brahy et la coloration, les aplats numériques de Marquebreucq. Le décalage est souvent flagrant (1ère vignette, P17 du tome 5).
Imago Mundi, c'est une série qui relève d'un genre que beaucoup appellent dédaigneusement « le divertissement ». Une « bonne distraction ». Mais quand on sait que l'on peut se distraire intelligemment... On passe vite son chemin.