8/10Eva

/ Critique - écrit par iscarioth, le 24/05/2005
Notre verdict : 8/10 - Noirceur et suspense (Fiche technique)

Tags : eva prenom prenoms zenith concert rap reservez

Une BD à atmosphère, un noir et blanc impressionnant, et ce malgré un final décevant

Comès connaît son premier grand succès avec le one-shot Silence en 1980. Suivent ensuite deux albums, moins reconnus : La Belette en 1983 et Eva en 1985.

L'histoire

Une jeune femme prénommée Neige tombe en panne près d'une demeure peuplée par un inquiétant couple de jumeaux.

Une BD à atmosphère

Eva est un huis clos inquiétant aux allures fantasti01ques et saupoudré d'érotisme. L'album fait près de cent pages, mais on ne les voit pas passer tellement les plans silencieux et contemplatifs sont nombreux. Très souvent, on a affaire à des plans très serrés sur le visage des protagonistes. Ceux qui ont lu Silence, ceux qui connaissent le dessin de Comès, savent à quel point les visages dessinés par l'artiste sont particuliers : déplaisants car statiques mais glacials car comme moulés dans la cire. Avec Eva, Comès joue sur cette particularité de style pour créer l'illusion, avec une histoire de ventriloque et de simulacres. Après vingt premières pages lues et un chapitre terminé, rien d'anormal, rien d'impossible. Pourtant, le lecteur, embaumé par un envoûtant parfum de bizarrerie, a assurément l'impression de se confronter à une intrigue fantastique. La narration est tellement intense, les personnages si ambigus et mystérieux, l'atmosphère si oppressante, que l'on a vraiment l'impression de baigner en plein ésotérisme.

Un Noir & Blanc plus puissant que jamais

Si vous avez aimé Silence pour ses jeux de lumière et sa gestion du noir et blanc, Eva vous ravira au plus haut point. Comès livre là une performance magistrale, en créant un univers intense et varié, avec, pour seule force visuelle, le monochrome.

Un Twist Final plutôt décevant

Dans les trente dernières pages, le suspense monte très haut. Rarement une bande 2203338598_1g_250.dessinée aura été aussi loin dans la peur et dans l'inquiétude. On attend un final à la hauteur de ce climax permanent. Et, dans l'avant dernier chapitre, on a droit à un twist phénoménal. Créé pour nous scotcher, ce twist s'avère en fait un peu décevant car générateur d'incohérences : si l'on comprend facilement pour les marionnettes et les dons de ventriloques, on a du mal à expliquer la scène d'inceste, qui, semble-t-il, n'unissait pas deux pantins ! Un twist difficile à digérer, un peu comparable à celui de Saw, le film de James Wan. La relecture de Eva parait, dès le twist passé, inconsidérée et inutile : Eva tire sa force du suspense, de l'attente, du mystère... Des éléments brisés définitivement par les dernières pages. Au mieux, le lecteur pourra relire Eva pour saisir toutes les ficelles de ce scénario bien mené et pour bien saisir sous un autre angle tous les moments pendant lesquels l'auteur s'est joué de ses lecteurs. Comès se rattrape bien dans les dernières pages, avec une planche finale assez prévisible mais graphiquement splendide.