Elle( s ) : Alice, Charlotte et Renaud
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 16/05/2007 (Elle(s) est une franche réussite, à conseiller aux amateurs de romance et à ceux qui aiment se délecter de la caricature des « grands genres humains ». Une histoire humaine, positive et sans prétentions.
Oh les filles, oh les filles, elles me rendent marteau !
Y aurait-il ne serait-ce qu'un soupçon de vérité dans ce vieux refrain sclérosé ?
On ne peut que l'avouer au regard du comportement de pas mal de « mâles », qui deviennent fous à la vue d'une grosse paire de seins. « Je me dis qu'en fait, c'est juste un amas graisseux avec un téton... Et ça me fait quand même péter un câble » avoue Renaud... Et pourtant c'est un mec bien.
Renaud, c'est le personnage principal de ce one-shot paru dans la toute nouvelle collection KSTR de chez... Caster. Il rencontre, au hasard de ses déambulations urbaines, deux jeunes filles (regardez la couverture) : Alice (gros seins) et Charlotte (petits seins). Et, preuve en est qu'il y a bien des hommes qui pensent avec le coeur, c'est que notre garçon, à la force tranquille mais au physique un peu ingrat, tombe amoureux de Charlotte. Seulement voilà, la belle s'offre à n'importe qui et multiplie les mauvaises conquêtes. C'est là que Bastien Vivès frappe fort. Il décrit avec une pertinence osée la faune des godelureaux actuels. On n'avait plus vu une telle analyse anthropo-graphique du blaireau à queue depuis Jean-Paul Krassinsky et surtout Cyril Pedrosa. Vivès souligne la bêtise grasse des dragueurs de bas étage rien qu'en les dessinant, en soulignant leurs codes vestimentaires, leur parlé mais surtout leurs expressions. On relève de multiples très gros plans sur les bouches capricieuses de ces messieurs (l'excellente scène de la boîte, pages 25-30).
55401Bastien Vivès tape aussi dans le mille question dialogues. Nos amis les jeunes ne s'expriment ni comme dans un roman du 18ème siècle, ni comme dans une chanson de Diam's. Le langage est honnête, très parlé... En résumé réaliste et sans mépris. Elle(s) est un album qui appartient clairement au genre de la romance. On se demande de quel coté Renaud va fléchir : Alice ou Charlotte ? Laquelle l'acceptera, laquelle acceptera-t-il ? On retrouve des constantes du genre, forcément un peu naïves : le jeune homme qui démontre sa maturité en se laissant frapper, les jeux de regard appuyés, les gestes de tendresse dont on se demande s'ils sont purement amicaux... Bref, des éléments agaçants ou excitants, selon votre capacité à adhérer au genre...
Elle(s) est une franche réussite, à conseiller aux amateurs de romance et à ceux qui aiment se délecter de la caricature des « grands genres humains ». Une histoire humaine, positive et sans prétentions.