6.5/10Les Druides - Tome 5 - La Pierre de destinée

/ Critique - écrit par athanagor, le 07/11/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Scots toujours (Fiche technique)

Laissant un peu de côté les interventions magiques pour se concentrer sur les répercussions humaines de l'histoire, ce tome gagne en cohérence.

Retour sur les terres de Bretagne (avec un grand B) et sur l'ensemble des références culturelles qui ont de la gueule quand on parle de ce coin du globe au 5ème siècle, suivant la quête du druide Gwenc'hlan et de son apprenti Taran.
Dès le début de l'ouvrage et sans surprise, on se retrouve en présence d'êtres surnaturels, tout à fait en phase avec l'image qu'on a pu se construire de la série avec les tomes précédents. Puis, on tourne cette première page et cette vision s'éteint avec le réveil de Taran, sortant du coma où il était plongé après avoir failli se noyer. A partir de là, les apparitions magiques n'interviendront plus, si ce n'est par le biais de rêves ou de transes. Cet arrêt brutal n'est pas tout de suite identifié, car on reste plongé dans le même univers, illustré par le même Lamontagne et poursuivant la quête du chaudron de Dagda, en compagnie de la même troupe que précédemment. Pourtant, et c'est un fait, la magie n'est plus. Cette disparition coïncide certes avec le réveil de Taran, mais surtout avec le fait qu'il est mort et revenu à la vie. Ce passage en fait un initié, et, étant le narrateur de l'histoire, on supposera que son interprétation des faits ne sera plus teintée du mystère qui habille généralement l'ignorance. Utilisant cette espèce de passage à l‘âge adulte, les auteurs font écho à la disparition progressive des croyances païennes au profit de la foi pour le dieu unique. Mais, cette disparition renvoyant également à la disparition d'Is, foyer magique par excellence, l'interprétation proposée reste au choix du client.

Semblant abandonner les représentations d'un paganisme échevelé comme
principal point de mire de l'ouvrage, les auteurs s'attachent plus à un développement des aspects géographiques, historiques et anthropologiques. Déroulant successivement les peuplades pictes et vikings, faisant se passer l'action en Ecosse et en Islande et introduisant la figure de Saint Brendan de Clonfert, Istin et Jigourel nous racontent l'Histoire au travers de cette quête, et laissent entrevoir, comme finalité, la découverte d'une terre inconnue, du côté de la tanière du soleil. Partant, l'ouvrage prend un autre visage, plus posé et sérieux, loin des élucubrations magiques qui ne se retrouvaient pas toujours dans le style très factuel de Lamontagne. Bien sûr, ce trait détaillé et photo-réaliste offrait aux interventions magiques la vraisemblance d'un excellent effet spécial, mais on le reconnaîtra ici plus à l'aise dans la représentation brute de l'humain et de la complexité de son caractère, que les sursauts magiques précédents avaient tendance à faire passer au second plan. Or, pour l'histoire que les auteurs ont choisi, il semble imbécile de faire l'impasse sur les sentiments des acteurs, que ce soit ceux qui prônent l'avènement d'une foi neuve, en passe de devenir la norme, ou, au contraire, qu'ils cherchent à défendre des traditions séculaires, garantes d'une identité.

Départi d'un aspect parfois trop tape à l'œil, l'ouvrage
prend un sens particulier. Il ne cherche plus à en faire des caisses, mais juste à raconter une histoire, laissant apparaître le cœur des hommes qui la peuplent et leurs multiples motivations. L'ensemble gagne donc en cohérence et en intérêt, se laissant glisser vers le polar historique et délaissant les rivages tumultueux de la farce pyrotechnique. Cet album saura alors donner envie à ceux qui ne connaissent pas la série de raccrocher les wagons, et leur permettra par l'ambiance qui s'y fait jour, de lire avec un œil averti les tomes précédents.