Le Cycle d'Ostruce - intégrale
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 15/04/2011 (Tags : tome cycle dubois christophe pona ostruce allemand
Ajjer et Katiana se retrouvent bon gré mal gré ensemble, à tenter de sauver la descendance du grand dragon, pourchassées par les révolutionnaires.
Les Dracks sont une unité d’élite au service de l’empereur, le grand dragon et dont Ajjer fait partie. Mais quand les révolutionnaires arrivent dans la salle du trône, ils trouvent le grand dragon mort assassiné et tous ses œufs éventrés sauf un qui a disparu avec Ajjer. Le commissaire Frimas est envoyé à ses trousses.
DR.Révolution ou pas, Katiana est une voleuse doublée d’une sorcière et tente de survivre dans ce pays de glace entre son mari et son frère. Le destin la met sur le chemin d’Ajjer et une relation d’amitié-reconnaissance s’installe. Fuyant la révolution et le commissaire Frimas, Ajjer croit pouvoir trouver refuge dans l’empire. Mais elle s’aperçoit au fil des aventures que le tsar et son régime étaient loin d’avoir les qualités supposées. Les deux jeunes femmes croisent sur leur route l’ogre Iron et le peuple Elkins, une lamie, un vaisseau-déesse nommée Héria, un médecin fou, des sylphes …
Sorte de récit d’héroïc-fantasy dans un univers steam-punk, Le cycle d’Ostruce nous offre un monde en pleine mutation qui n’est pas sans rappeler la révolution bolchevik de 1917. C’est en tout cas la base historique utilisée par les conteurs Nicolas Pona (scénario) et Christophe Dubois (dessin). Et cette base donne une certaine crédibilité au récit. Elle permet aux auteurs de ne pas trop rentrer dans les détails d’un empire dont le premier dirigeant a perdu la raison, et où Ajjer tente de sauver le dernier héritier. On suit donc cette amazone dans une sorte de Russie fantasmée par C Dubois et où elle va peu à peu perdre ses illusions. Mais tout ceci serait un peu plat sans Katiana qui apporte un peu de légèreté, de folie, d’innocence (toute relative) et d’humour. Elle est donc la partie complémentaire d’Ajjer, plutôt froide, et son rôle sera d’ailleurs de plus en plus important au fil des albums.
DR.A ce duo féminin, Nicolas Pona invente un monde fantastique où l’on retrouve tous les monstres et les créatures extraordinaires de nos contes d’enfants - un dragon, un ogre, un sylphe, une déesse … - ce monde est rendu par Christophe Dubois avec un trait fin qui gagne en précision au fil des albums. Et sans chercher à être impressionnant dans son bestiaire, ses personnages sont crédibles. Maniant à merveille sa palette de couleur avec des prédominances de rouge et de blanc, le dessinateur mélange l’histoire des contes avec celui de l’histoire russe. Il parvient aussi à rendre l’atmosphère très inquiétante comme ce troisième album dans l’hôpital psychiatrique du docteur Filatov.
Les éditions du Lombard nous gratifient d’une belle et rapide intégrale après la fin du cycle en juillet 2010. La fin étant ouverte, on peut s’attendre (et on attend avec impatience) à une possible suite.