Cosmik Roger - Tome 6 - Tragical Cosmik Tour
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 17/06/2009 (Tags : cosmik roger tome fluide glacial julien sole
Roger se découvre une filiation avec Elvis Presley et se lance dans une carrière de rock-star intergalactique. Le meilleur album de Cosmik Roger depuis un bail.
A la lecture du tome 5 en 2007, on avait peur que les CDM aient perdu le goût de l'aventure cosmique, qu'ils aient besoin de laisser reposer en paix le Roger créé en
2001 par un Julien/CDM galvanisé de son expérience sur l'album A l'ouest de l'infini écrit par Manu Larcenet. Petits rappels historiques : son compère Mo/CDM n'est arrivé en scénariste que sur le deuxième tome de la série, et les deux hommes non seulement ne s'appellent pas vraiment CDM, mais ne sont pas non plus frères (le premier est le fils de Jean Solé, le deuxième ne l'est pas).
La couverture et le titre de ce sixième tome sont empruntés directement aux Beatles et à leur Magical Mystery Tour. Quoi de plus logique, puisqu'il s'agit d'un concept-album (on note au passage que la série Adostars parodiait l'an dernier la couverture de l'album Abbey Road, la Beatlemania serait-elle de retour ?). Cosmik Roger, en allant voir une voyante (hé, comme son voisin Chauzy dont l'album sort le même jour), se découvre une lointaine parenté avec Elvis Presley, et décide d'assumer son statut dans la dynastie du rock en perpétuant l'héritage du King. En gros, il embauche des musicos et part en tournée dans l'univers pour serrer des groupies en backstage. Bien entendu, le groupe ne remporte qu'un succès modéré, Roger se mange toutes sortes de déconvenues, et la violence imprègne tous les instants de sa vie de rocker...
Je suis... un homme Presley
Une chose est sûre : le mariage du space-opéra parodique et de la rock'n'roll attitude donne un sérieux coup de fouet à la série. Cosmik Roger commençait à tourner en rond, à épuiser les ressources liées à son concept de base (le héros doit trouver une planète vierge à coloniser pour les habitants de la Terre), et les gags exploitaient de moins en moins l'environnement galactique et les thèmes de la science-fiction. Ici, les CDM pètent le feu à nouveau, et brassent avec bonheur les aliens limaciers, les androïdes et les voyages interdimensionnels. On est en plein Métal Hurlant (les voyages en vaisseau du trio musical évoquent directement une séquence du dessin animé de 1981). Pas radins pour un sou, ils parviennent même à revenir le temps d'un épisode sur l'intrigue principale de la série, stigmatisent dans un autre les abus des pièges à touristes et abordent dans un troisième la question de l'écologie comme sujet à la mode (paru dans Fluide Glacial bien avant
les élections européennes ou la diffusion du film Home, si c'est pas la preuve d'un talent de précognition). L'humour est souvent rentre-dedans, tourne généralement autour du besoin primaire de sexe qui tenaille Roger (pas toujours de la manière la plus conventionnelle), et épingle le mode de vie du musicien saltimbanque de façon sensiblement plus trash que les Brigands du vistre de Thiriet.
Le tout se clôt sur un excellent épisode parfaitement taré idéal pour mettre un terme à la parenthèse enchantée de ce Tragical Cosmik Tour, qui redonne espoir dans les aventures à venir de Roger. Non pas qu'on le croit capable de sauver la Terre, mais sa capacité à faire rire semble intacte pour les millénaires à venir.