Adostars - Tome 2 - Toujours pas célèbres ?
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 21/10/2008 (Tags : adostars livres noblet tome jeunesse bercovici laurent
Le renouveau de la série comique de Spirou : un instantané amusant et bien vu de la génération Star Ac, qui possède la notable particularité... de ne pas être scénarisé par Raoul Cauvin !
Dans Spirou Hebdo, la série comique a son scribe officiel depuis plusieurs décennies : Raoul Cauvin est aux commandes de L'agent 212, Pierre Tombal, Les femmes en blanc, Cupidon... Mais un peu de sang neuf ne fait pas mal, et c'est
Laurent Noblet qui signe le scénario de Adostars, dont le premier tome Presque célèbres est sorti l'an dernier. Le dessin est de Bercovici, artisan dont on reconnaît immédiatement la patte immortalisée par les Femmes en blanc et Cactus club.
Ils sont ados, ils rêvent de célébrité, ils sont deux filles et deux garçons : Rotatine rêve de bouleverser le monde par ses poèmes tourmentés, sa camarade Aspartine se voit plutôt en mannequin blondasse siliconée ; quant à Statobaf et Fuso, ils sont les plus grands musicos du monde mais peinent à définir avec leur producteur le concept qui les lancera. Fuso, par ailleurs, est un chien. Littéralement. On ne sait pas trop pourquoi, parce que tous les autres personnages (y compris son père) sont humains, mais lui c'est un chien.
Chaque gag en une page se concentre généralement sur un ou deux des personnages, déclinant l'une des situations standards attachée à chacun : Stratobaf a du mal à tenir le compte de ses beaux-pères, Fuso subit les hypothèses de son père qui tente de le dissuader de devenir chanteur, Aspartine cherche
quelle partie de son corps elle pourrait emmener chez le chirurgien esthétique, et Rotatine tente de produire et de vendre de la poésie désespérée malgré les ondes positives de ses parents et le peu d'intérêt des éditeurs... Mine de rien, Bercovici et Noblet épinglent pas mal de sujets avec pertinence et drôlerie, que ce soit en stigmatisant la "rebelle attitude" sous contrat ou en décrivant les réalités des familles déconstruites ou monoparentales. Comme souvent dans ce genre de série à la production industrielle, certaines idées sont un peu poussives (on pense notamment à la façon dont Fuso reprend les mots qu'il ne comprend pas, en les déformant pour générer un effet comique d'une lourdeur peu commune), mais la plupart fonctionnent étonnamment bien, sur un registre léger mais plein de ressources.
A l'heure où les adolescents, nourris de Star Academy et de Nouvelle Star, s'inscrivent de plus en plus souvent dans les filières artistiques (c'est le nouveau numéro de Pédagogies magazine qui le dit), il est salutaire de savoir en rire gentiment, en mettant le doigt sur les motivations parfois douteuses de ces
démarches : la célébrité comme une fin en soi, la vision biaisée des sacrifices à faire... Les auteurs ont également le mérite de ne pas verser dans le faux jeunisme, et s'amusent d'ailleurs du père de Fuso qui essaie en vain d'être dans le coup en débitant du « salut les relous » ponctué d'un mémorable « je vous lâche les tongs du slip ».
Au passage, pour ceux qui n'auraient pas reconnu (honte sur eux, bien entendu), la couverture pastiche la couverture du célèbre album des Beatles Abbey road (ci-contre).