4/10La Conjuration d'Opale - Tome 1 - Le serment

/ Critique - écrit par iscarioth, le 06/06/2005
Notre verdict : 4/10 - La recette Corbeyran (Fiche technique)

La recette Corbeyran : une histoire des plus simplistes noyée sous un contexte trompeur, des personnages aussi stéréotypés que manichéens, des relations et une psychologie inexistantes et, bien sûr, une intrigue avec ce qu'il faut de mystère et d'aventure pour ne pas nous endormir...

Non, non, on ne parle pas ici de la Forêt d'Opale, la fameuse série HF d'Arleston, mais bien de la Conjuration d'Opale, une toute nouvelle série lancée par le scénariste Corbeyran. Avec Morvan, Eric Corbeyran est le scénariste le plus prolifique de la bande dessinée actuelle avec plus de soixante-dix albums publiés depuis 1990. Un dénommé Grun est au dessin, et s'illustre fort bien pour sa première incursion dans le petit monde de la bande dessinée.

L'histoire

Louis XIV et Richelieu veulent faire plier La Rochelle, dernier bastion huguenot en France. C'est le siège, nous sommes en 1628. Dans ce contexte, le destin réunit trois âmes autour du mystère de la prophétie de Nostradamus.

Un scénario insipide

Les dix premières pages de l'album nous le font bien comprendre : nous sommes en 1628 et c'est le siège de la Rochelle. Richelieu, discutant avec son second Joachim, nous fait un petit état des lieux de la situation française d'alors. L'exposition historique est très lourde et sonne faux, mais a le mérite d'être exacte. La Conjuration d'Opale mêle vérités historiques et fiction ésotérique. Mais, contrairement à un chef d'oeuvre comme Les 7 vies de l'épervier, La Conjuration d'Opale n'est pas crédible une minute. On ne peut pas s'empêcher de sourire en découvrant le personnage de Richelieu, auquel on ne croit pas un seul instant. La faute, très certainement, à un scénario qui juxtapose maladroitement des réalités et personnages historiques à des stéréotypes qu'on dirait tout droit sortis d'une série héroïc fantasy de mauvaise qualité. Le Serment nous présente sommairement un trio de personnages ultra typés : un grand barbare suédois qui parle avec sa hache, une jeune naïade noire à fort caractère qui se balade seins nus et fesses à l'air et un beau brun aussi élégant qu'intelligent. Dans sa structure même, le scénario de Corbeyran n'est pas moins mauvais : on retrouve les clichés de l'histoire d'aventure, avec le père alité qui révèle dans un dernier souffle des secrets bouleversants et meurt dans la minute qui suit d'une façon presque parodique. Un manichéisme flagrant avec des méchants dont le machiavélisme se lit sur le faciès. La Conjuration d'Opale ne sera très certainement pas une série à mettre entre les mains de nos amis les historiens : comme expliqué plus haut, Corbeyran prend du temps à expliquer le contexte historique mais fait complètement l'impasse sur les moeurs. Pas une goutte de sexisme ni de racisme envers Walaya, notre jeune guerrière noire en string qui traverse le 17ème siècle telle une james bond girl. Cela n'aurait pas du tout dérangé dans une BD de genre mais dans une oeuvre prétendant consolider une intrigue au socle historique... Il y a de quoi rire.

Un bon début pour Grun

Dommage, car Grun ne livre pas là une mauvaise prestation pour un premier album. Son dessin détaillé rappelle celui de Yves Swolfs. La couleur semble souvent l'emporter sur le trait. Grun a le sens du paysage et de la précision. Deux bémols, cependant : le positionnement des personnages est parfois peu naturel et manque de mouvance (voir les jambes serrées et les bras croisés de Richelieu au début de l'album). Les visages de Grun sont souvent statiques, ce qui n'est pas forcément un défaut. Les gros plans font parfois penser à ceux que l'on retrouve dans les oeuvres de Léo.


La Conjuration d'Opale s'annonce dans la lignée de tout ce qu'a pu faire Corbeyran jusqu'à présent : une histoire des plus simplistes noyée sous un contexte trompeur, des personnages aussi stéréotypés que manichéens, des relations et une psychologie inexistantes et, bien sûr, une intrigue avec ce qu'il faut de mystère et d'aventure pour ne pas nous endormir...