Comicschool #12 : au Chili, on lit Condorito
Bande Dessinée / Article - écrit par riffhifi, le 09/04/2009Ce mois-ci, on triche un peu. Si la notion de comics a été associée jusqu'ici aux bandes dessinées anglophones, on va cette fois profiter du fait que le mot espagnol soit également "cόmic" (avec un accent sur le o) pour évoquer les petits Mickeys chiliens...
La bande dessinée hispanophone, telle qu'on la connaît, vient surtout d'Espagne : Carlos Giménez, Francisco Ibáñez et son duo Mortadel & Filemon... En Amérique du Sud, on trouve Quino et sa petite Mafalda en Argentine, mais le seul représentant du neuvième art qui fasse un carton au Chili s'appelle Condorito. On entend déjà les bédéphiles s'affoler : « et Jodorowsky alors ?! il est chilien aussi ! ». Certes. Mais Alejandro Jodorowsky a fait carrière en Europe.
Condorito, cette année, fête ses 60 piges : créé en 1949 dans le journal Okey, il est le fruit de l'imagination d'un auteur appelé Pepo, dont le vrai nom était René Ríos Boettiger. Né à Concepciόn en 1911, Pepo meurt en 2000 en laissant l'avenir de son personnage aux mains d'un collectif de successeurs qui continuent d'utiliser son pseudo. Mais qui est Condorito ? Condor anthropomorphe, équivalent de Mickey Mouse dans le sens où nul ne semble se soucier de sa nature animale, il endosse selon les histoires divers costumes, et se retrouve médecin, fermier, astronaute ou alcoolique selon les besoins du gag, sans jamais que sa personnalité soit définie de façon trop ferme. Autour de lui gravitent un certain nombre de figures récurrentes, dont celle de sa fiancée Yayita (humaine), de son neveu Coné (qui a désormais son propre magazine) ou de Huevoduro, l'homme à la tête d'œuf. L'humour de Condorito ne vole jamais bien haut, et consiste généralement en de simples
blagues d'une page dont la chute provoque généralement celle d'un des protagonistes, qui émet alors un « ¡ Plop ! » caractéristique. Dans certains cas plus rares, Condorito s'exclame « ¡ Exijo una explicaciόn ! » lorsqu'une mésaventure surprenante vient de lui arriver. Bien que la bande dessinée semble s'adresser à un public large et en grande partie enfantin, le héros est parfois loin d'être un modèle de vertu ou de bon goût : il fume, picole comme un trou, trompe Yayita avant même d'être marié, et n'hésite pas à pisser sur le lit d'un nouveau-né avant de le faire accuser du méfait.
Diffusé dans l'ensemble du monde hispanophone, Condorito trouve son public aussi bien en Amérique Latine qu'en Espagne, mais il semble qu'aucune traduction n'en existe...