Comicschool #14 : Les super-héros Disney

/ Article - écrit par riffhifi, le 08/06/2009

En 1965, les super-héros ont la cote : Marvel a relancé l'intérêt pour ce type de bande dessinée avec ses tout nouveaux Fantastic Four, Spider-man et X-men, et DC Comics écoule sans problème ses parutions de Superman et Batman. Disney n'a pas de réel problème avec ses indéboulonnables Mickey, Dingo et Donald
destinés au très jeune public, mais what the hell, un peu d'opportunisme ne fait jamais de mal. Le scénariste Del Connell et le dessinateur Paul Murry créent donc un alter ego justicier au doux rêveur Dingo ; l'approche est évidemment parodique, mais reste mémorable : lorsque Dingo mange des cacahouètes magiques de son jardin, il devient... Super-Dingo (en v.o. Super Goof), une version volante de lui-même qui se balade en pyjama pilou-pilou et arbore une large cape. Que les autres protagonistes ne le reconnaissent pas relève du mystère le plus absolu, puisqu'il ne se cache pas derrière un masque et porte pour ainsi dire son propre patronyme. Le concept plaît, et se voit même élargi à son neveu Gilbert (qui devient donc Super-Gilbert à l'aide des cacahouètes). Super-Dingo aura droit à sa propre série jusque dans les années 70, et sera confronté aux méchants classiques du répertoire Disneyen : le Fantôme Noir, Pat HIbulaire, les frères Rapetou, etc.
Il est arrivé occasionnellement que Popop, le cousin de Donald, s'avale quelques cacahouètes et devienne Super-Popop.

Le succès de Super-Dingo incite Disney à "héroïser" un autre de ses personnages dès 1969. C'est dans la parution italienne Topolino que Donald se transforme pour la première fois en "Paperinik", dans un scénario de Elisa Penna et Guido Martina, et sous le crayon de Giovan Battista Carpi. Si le personnage, vu du pays des spaghetti, évoque le héros de fumetti Diabolik, il apparaît davantage aux USA comme un pastiche de Batman. En France, les traducteurs décident de le rebaptiser Fantomiald, en faisant probablement un amalgame entre le Fantômas
de Souvestre et Allain (un tueur sanguinaire) et la Fantômette de la Bibliothèque Rose (une justicière). Le Fantomiald en question est une identité que Donald Duck endosse pour venger le crime, après avoir découvert la défroque et les méthodes d'un de ses ancêtres qui se faisait appelé Fantomius. Masque noir, large cape rouge, activités de cambrioleur... le personnage surfe sur différentes influences avec bonhomie, tout en s'inscrivant strictement dans l'univers Disney où évoluent Géo Trouvetou (allié de Fantomiald) et l'onc' Picsou (tenu à l'écart du secret, bien entendu).
En 1973, la parité frappe déjà : Daisy tient elle aussi à faire la chasse au crime. Elle prend alors le nom de Paperinika (en français, Fantomialde), et se bat essentiellement pour l'égalité des sexes. Le personnage n'obtient qu'un médiocre succès, et disparaît bien vite.
En 2002, une version rénovée de Paperinik fait son apparition, et prend en France le nom de Powerduck. Un nom moins glamour mais probablement plus adapté aux goûts du jour.

On pourrait également évoquer Gérard Mentor (Fenton Crackshell), un canard qui se transforme en Robotik (RoboDuck) à l'insu de ses congénères, mais il s'agit d'un personnage de la série TV La bande à Picsou. On quitterait donc les comics pour aborder les cartoons, ce qui serait aussi inconvenant que de parler d'animes en prétendant traiter de mangas. Non mais.

Mickey Mouse, en revanche, n'a jamais eu à jouer les super-héros plagiaires. Trop occupé à sauver le monde avec ses huit doigts.


Voir également l'article du site Comic Screen sur Myster Mask et Robotik


Comicschool

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