Commando Colonial - Tome 2 - Le loup gris de la désolation
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 13/07/2009 (Tags : tome colonial commando appollo bruno livres loup
Un deuxième tome viril aux tribulations variées, qui explore de façon encore plus poussée le thème de la guerre vue par le petit bout de la lorgnette. Le dessin de Brüno à lui tout seul suffirait à justifier le détour.
Près d'un an après le premier tome Opération Ironclad, on attendait avec impatience le deuxième épisode de cette nouvelle collaboration Appollo-Brüno. Quand on parle du loup, on en voit la turbine : le tome 2 a donc fait son entrée en librairie
en juin, montrant que le duo a toujours sous le capot de quoi faire vibrer ses lecteurs.
Juin 1942. Maurice Rivière et Antoine Robillard, désormais en trio avec le Polonais Zborowski, survolent le canal du Mozambique. Dès la deuxième page, ils atterrissent en catastrophe sur l'île d'Europa, où ils sont accueillis par un étrange petit bonhomme portugais. La guerre est loin de ce lieu désert, mais on se doute qu'elle rattrapera nos héros bien vite...
Comme dans le premier tome, on se réjouit de l'approche originale de la seconde guerre mondiale qui est proposée par Commando colonial : l'action est située loin du conflit, dont seuls quelques échos distordus affectent les personnages... Si Opération Ironclad et son titre "série B" offraient le point de vue des colonies françaises (les notables de Madagascar, les héros respectivement réunionnais et mauricien), reflétant ainsi l'héritage du scénariste réunionnais Appollo (il a également signé La grippe coloniale chez Vents d'Ouest), Le loup gris de la désolation et son titre poétique privilégient la fiction et l'aventure : l'album est séparé en deux parties assez distinctes, aussi bien dans leur rythme que dans leur
ton, et offre davantage de péripéties en 44 pages que la plupart des séries actuelles en trois ou quatre tomes. La touche féminine qui seyait au premier tome est cette fois complètement absente, laissant place à l'amitié virile qui unit Rivière et Robillard, présentée explicitement comme une réminiscence du duo formé dans La grande illusion par Jean Gabin et Pierre Fresnay : l'homme du peuple et l'aristocrate. Le deuxième, plus éduqué, est capable de comprendre les Allemands tandis que le premier se trouve isolé par son incompréhension de la langue ; de la même façon, le lecteur germanophone sera en mesure d'apprécier une plus large partie de l'album, puisqu'une bonne partie des dialogues est en allemand non sous-titré !
Du côté graphique, Brüno est égal à lui-même, avec son style unique fait d'une ligne claire diablement expressive, exacerbée par les couleurs en aplat de Laurence Croix. L'ombre de Blake et Mortimer planait déjà sur le précédent tome avec un sosie d'Olrik, il transparaît ici dans la couverture qui évoque celle des Sarcophages du 6e continent (2ème partie). Une comparaison certes étonnante,
puisque le travail de Brüno et Appollo s'avère autrement plus intéressant que celui de Sente et Juillard sur Blake & Mortimer...
Réflexion historique, aventure décalée, étude de caractère fine et humoristique, plaisir des yeux... Inutile de dire qu'on attend le tome 3 comme un chien attend sa gamelle !