Comicschool #7 : les contes de la crypte et d'ailleurs

/ Article - écrit par riffhifi, le 31/10/2008

Dans cette rubrique, on vous parle généralement de super-héros en collants, dont les tribulations constituent la partie émergée de la culture comics. Il est bien entendu que les artistes anglo-saxons ont su oeuvrer dans d'autres domaines, et ce jour d'Halloween est l'occasion de se repencher sur les célèbres publications horrifiques de l'éditeur EC Comics dans les années 50...


EC, à sa création en 1944, signifiait Educational Comics. A la mort du fondateur Max Gaines en 1947, son fils William s'empresse de renommer la boîte en Entertaining Comics ("les bandes dessinées divertissantes") afin d'en faire un vivier de récits de science-fiction, d'épouvante et de guerre. Dans tous ces genres, William Gaines fit en sorte que les auteurs injectent une dose non négligeable de cynisme à travers de petites fables morales mais cruelles. Si certains titres ont traversé le temps, comme Crime Suspenstories, Shock Suspenstories ou Weird Science par exemple qui fut repris dans le film de John Hughes Une créature de rêve et la série Code Lisa, les trois revues d'horreur qui continuent à symboliser EC Comics sont Vault of Horror, Haunt of fear et surtout Tales from the crypt, un titre popularisé par la série de HBO Les contes de la crypte diffusée de 1989 à 1996. Celle-ci connut même un dérivé pour enfants sous forme de dessins animés (Crypte show en vf, Tales from the Cryptkeeper en vo) et plusieurs prolongations sous forme de téléfilms. Ce que l'on sait moins, c'est que Tales from the crypt et Vault of horror firent l'objet de deux films anglais de la firme Amicus en 1972 et 1973 : on y trouvait notamment Peter Cushing, Curd Jürgens et Terry-Thomas... Et il convient de noter que le Creepshow (1982) de Stephen King et George A. Romero rendait également hommage à ces bandes dessinées.


Chaque historiette, présentée par un personnage monstrueux et narquois (le Gardien de la Crypte, le Gardien du Caveau, la Sorcière) était fignolée dans un style bien rétro (vu d'ici) par des artistes tels que Johnny Craig, Jack Davis, Reed Crandall, Al Williamson ou Will Elder. Malheureusement, William Gaines fut obligé d'arrêter dès 1954 la publication de ces histoires, en raison des mesures draconiennes prises par la commission de censure de l'époque : décidée à avoir la peau de Gaines, la Comics Code Authority fit interdire les mots "horror", "terror" et "weird" sur les couvertures des revues, avant de demander carrément le retrait ou le changement de certaines planches sans raison valable (la dernière histoire publiée par EC Comics après avoir bataillé avec la CCA montrait un astronaute noir en unique survivant de l'humanité, ce qui ne plaisait pas à la censure !).

EC comics se contenta par la suite de publier Mad durant plusieurs décennies, ce qui n'est déjà pas si mal...