5.5/10Le Capitaine Fracasse - Volume 1

/ Critique - écrit par riffhifi, le 03/08/2008
Notre verdict : 5.5/10 - Les Théophilophiles ne seront pas fracassés (Fiche technique)

Une mise en images conventionnelle et assez peu inspirée, qui n'apporte pas grand chose au texte de Théophile Gautier. Deux autres tomes suivront pour compléter.

Le roman de Théophile Gautier, classique du récit d'aventures tout public et source d'introspection pour tout bon conteur d'histoires, s'est finalement vu assez peu adapté depuis sa parution initiale en 1863. Le cinéma lui a offert une demi-douzaine de versions, dont seules trois retiennent l'attention : la première est due à Abel Gance et date de 1943 ; la deuxième est sortie en 1961 et met en scène Jean Marais, Louis De Funès, Geneviève Grad, Philippe Noiret et Jean Rochefort ; et la troisième, datée de 1990, est signée Ettore Scola et présente Vincent Perez dans le rôle-titre, aux côtés de Emmanuelle Béart en Isabelle. En bande dessinée, la jeune collection Ex-Libris de Delcourt propose aujourd'hui une adaptation en trois tomes, écrits par Mathieu Mariolle et dessinés par Kyko Duarte.

Suivez son regard...
Suivez son regard...
Dans ce premier volume, le baron de Sigognac quitte son château et ses toiles d'araignées pour se rendre à Paris en compagnie de la troupe de théâtre itinérante qui est venue toquer à sa porte. Il se lie ainsi d'amitié avec ces héritiers de la Commedia dell'arte : Léandre le bellâtre, Scapin le bidouilleur, Isabelle l'ingénue... et bien sûr, Matamore le fanfaron, que le baron sera amené à remplacer sous le sobriquet de "Capitaine Fracasse".

Pour le lecteur qui découvre l'histoire, il y a sans doute un attrait à tirer de cet album à la narration claire et agréable. Mais pour le lecteur du roman, la mise en BD apparaîtra comme un pur gadget qui ne sert finalement qu'à appauvrir le contenu d'origine - un comble quand on pense que les trois tomes vous coûteront 30 euros, contre moins de 6 pour le livre de Théophile Gautier en édition de poche. Le dessin de Duarte fait ce qu'il peut pour paraître expressif, à grand renfort de zyeux exorbités et de dentitions proéminentes (dentitions bien blanches, par ailleurs, pour la plèbe du XVIIème siècle), mais ne parvient pas à dépasser le stade de l'illustration timorée que l'on s'attend à trouver en marge de l'édition "jeunesse" du roman, supposément allégée pour le public de moins de douze ans. De fait, l'album semble conçu pour le jeune public, à qui on souhaite épargner la peine de se farcir 700 pages de littérature là où le marmot peut ingurgiter la même histoire ... et vous découvrirez les deux passions du baron de Sigognac.
... et vous découvrirez les deux
passions du baron de Sigognac.
sous forme de petits mickeys vite absorbés. L'ambition de Mariolle et Duarte ne semble pas dépasser ce cadre, et le duo s'efforce de remplir avec un maximum de diligence la mission de vulgarisation pseudo-pédagogique qu'ils se sont fixée : décors correctement documentés, mise en couleur (de Fran Gamboa) discrète et peu agressive - presque terne, et dramatisation artificielle de la dernière page pour rappeler que, hého, il y a deux autres albums qui suivent.

La collection Ex-Libris, à cette heure, semble encore hésiter entre deux directions : l'adaptation plan-plan et illustrée mollement, destinée à un public enfantin pour remplacer -soupir- la lecture de l'œuvre (Les trois mousquetaires, par exemple) ; et la mise en images de récits plus subtils, qui impliquent une réelle appropriation du texte par les bédétistes (Dans la colonie pénitentiaire). Pas de bol, Le capitaine Fracasse emprunte paisiblement la première...