7.5/10Corto Maltese - Tome 13 - Sous le soleil de minuit

/ Critique - écrit par plienard, le 30/09/2015
Notre verdict : 7.5/10 - Le nouveau Corto n'est pas mal à l'aise

Tags : corto maltese pratt tome hugo sous edition

Un petit événement en soi aux éditions Casterman, et pour la bande dessinée en général : le retour de Corto Maltese après plus de 20 ans d'absence !

C’est un certain paradoxe qui accompagne la sortie de cet album de Corto Maltese. C’est à la fois le treizième et le premier album. Vous l’aurez certainement compris, il s’agit ici du treizième tome de la série créé par Hugo Pratt (1927-1995), mais bel et bien le premier album avec de nouveaux auteurs, Juan Diaz Canalès et Ruben Pellejero.


©Casterman édition 2015.

Le scénariste de Blacksad associé au dessinateur de l’écorché (deux tomes chez Dupuis) et Loup de pluie (deux tomes chez Dargaud), est-ce le bon duo pour cette reprise chez Casterman ? À la lecture de ce premier album, on peut effectivement dire qu’ils respectent l’univers entier de Corto.

Car si le personnage est à la fois énigmatique, anarchiste, libertaire, il est aussi terriblement charismatique. Il garde ici, avec le trait de Ruben Pellejero, cette aura mystérieuse et toutes ses caractéristiques. Il n’est pas un héros comme les autres. Il semble comme voler au-dessus des événements, témoins de la cruauté des hommes, de leur perfidie avec ce poil de cynisme qui l’habite. Corto est un personnage en avance sur son temps, qui a hérité de l’érudition de ses pères (de ses pairs).

Lire Corto c’est aussi côtoyer les grands écrivains, des aventuriers ou des poètes. Et c’est peut-être pour cette raison qu’il n’a jamais eu le succès éclatant d’un Tintin ou d’un héros de bande dessinée en tant que tel. Corto fait appel à trop de référence qui dépasse la BD et le lecteur lambda (moi en premier). Mais Corto c’est aussi un dessin, une silhouette qui ont fait sa réputation.

Les auteurs de ce treizième album l’ont bien compris. Ils ont intégré tous ces paramètres. De Jack London, dont la présence et palpable alors qu’on ne le verra jamais, à Robert W. Service dont un poème ouvre la première scène, on entre dans un mythe, une œuvre que les auteurs ont respecté fidèlement, peut-être un peu trop. On le ressent dans les positions, les profils et les attitudes du personnage principal. Mais le rythme, plus rapide que les albums traditionnels, est le premier pas vers la modernisation de ce personnage sacré.