Casterman : Perles et pirates, Le reste du monde T1

/ Critique - écrit par plienard, le 19/04/2015

Tags : editions casterman scenario dessin couleurs tome roman

Deux albums mettant en scène des femmes dans des situations différentes et dans des genres différents.

Perles et pirates – note 7/10

Alerte, messieurs, le dernier bastion masculin est en train de basculer. En effet, les histoires de pirates ont toujours mis en scène des hommes : Barbe Noire, Barbe Bleue, Surcouf, Rakham le rouge, Barbe Rouge (le chef pirate dans Astérix), Black Dog (de la série Barracuda), Jack Sparrow ... Mais qu’à cela ne tienne, Yoan Zaoui, qui signe ici sa première bande dessinée, a décidé de laisser la place aux femmes. Et qui d’autres que les filles du pirate Mortimer Mc Kinley, sont aptes à porter le flambeau d’une nouvelle piraterie, élégante et raffinée ?


©Casterman édition 2015.

Les quatre filles du pirate Mc Kinley, à bord d’une simple goélette, attaquent le Mariposa, l’ancien bateau de leur père. Les soldats à son bord, d’abord amusés par la situation, vont vite déchanter devant le volontarisme des quatre jeunes femmes. Car si elles veulent récupérer leur bien familial, ce n’est pas totalement pour le trésor qu’il contient, mais pour libérer leur père des mains du gouverneur Cortez.

Et pour la mettre en image, c’est Clotka qui s’y colle. Une jeune illustratrice dont vous avez peut-être déjà découvert le dessin dans le collectif Les Autres gens aux éditions Dupuis. Un trait léger, qui se moque de tous les codes traditionnels (réalisme ou proportion) pour une liberté assumée du crayon. Un style a mettre en parallèle avec celui d’Hervé Tanquerelle et les voleurs de Carthage (deux albums chez Dargaud). Cela donne une bande dessinée énergique et drôle.

 

Le reste du monde, tome 1 – note 6.5/10

Le premier tome de Reste du monde de Jean-Christophe Chauzy aux éditions Casterman est un album choc qui nous emmène par de nombreux sentiments ce qui en fait un livre très vivant.

On commence par deux premières pages ensoleillées, où broutent des biches dans un décor de montagne. C’est la fin des vacances. Marie emmène ses deux fils chez des amis à Chazeaux afin de pouvoir fermer tranquillement la maison en pleine montagne. Une ambiance détendue, semble-t-il, qui cache la tempêteà venir, à n’en pas douter. Car la réalité est un peu différente. Son mari l’a plaquée pour une « pétasse de 20 ans ». Ainsi, faire le ménage va lui permettre de faire le point avant le retour sur Paris ! Si la nature n’en décide pas autrement. Car orage et tremblement de terre vont se déclencher. Marie va se retrouver seule en pleine montagne et va tenter de rentrer à Chazeaux. Mais le pire est encore à venir.


©Casterman édition 2015.

Une catastrophe naturelle, des problèmes de couple, si l’auteur en était resté là, cela n’aurait pas mérité beaucoup mieux que notre œil critique. Un dessin pas forcément très emballant – c’est en tout cas pas ma tasse de thé – le début m’a paru un peu « chiant ». Ses problèmes de couple occupent la majorité de ses réflexions, ce qui l’empêche de prendre toute la mesure de la catastrophe qui se déroule sous ses yeux. Ses enfants ne lui permettent pas non plus de faire autrement en ne réclamant que leur père. Cela paraît tellement irréel dans une telle situation, que le récit pourrait en perdre presque sa crédibilité. Pourtant, a un certain moment, tout bascule.

Alors que l’on pense que le pire est arrivé pour eux, l’auteur en rajoute une couche pour nous emmener dans une sorte d’apocalypse la plus totale. On ne fait plus attention au dessin. La mise en scène, la mise en page prennent le pas. Marie et ses enfants doivent survivre dans le chaos. La loi du plus fort devient la seule possible. Au fil des pages, elle perd un peu plus de son humanité.

Je soupçonne l’auteur de nous avoir emmenés sur une fausse piste au début, pour nous étonner encore plus par la suite. Une suite, il y en aura d’ailleurs une et on l’attend impatiemment.