Casterman : Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au stalag IIB T3, Alix senator T8, Reste du monde T3

/ Critique - écrit par plienard, le 20/12/2018

Tags : hachette guide tome gallimard folio jeunesse dargaud

C'est un monde bien triste qu'on découvre ici. Mais n'y a-t-il pas une forme d'évidence ?

Reste du monde - note : Tome 3 : Les frontières - note : 7,5/10

Jules et Alex ont dû abandonner leur mère pour sauver leur vie. Si le premier semble pouvoir vivre avec ce poids, le second ne cesse d'y penser. Et si c'était à refaire, nul doute qu'il resterait avec, quitte à y perdre la vie.


© Casterman 2018.

 Cela fait maintenant trois ans. Et la communauté qu'ils ont rejointe réussie à survivre. Mais il faut rester discret car les groupes de pillards sont nombreux. Chacun a sa tâche dévolue au sein de la communauté et Jules est plutôt adroit avec un arc. Il espère impressionner Rachel et prend trop de risques en sortant seul dans la montagne.

Jean-Christophe Chauzy continue d'explorer l'âme humaine et les réactions face aux catastrophes du monde qu'il a créé. La France a été dévastée. La frontière avec l'Espagne est fermée par des grillages et des champs de mines. Les survivants voulant la traverser sont irrémédiablement abattus. C'est dans ce monde redevenu primaire que les deux adolescents, Jules et Alex, tentent de survivre, chacun avec leur conscience.

Dans ce reste du monde, le fanatisme religieux et la loi du plus fort ont repris l'ascendant. Le monde revu par l'auteur est foncièrement pessimiste. Tout ce qui pourrait être bon ou agréable, des rapports humains apaisés et respectueux ont laissé la place à l'horreur, la haine, la vengeance et la dictature. Un monde dans lequel on se demande à quoi il sert de vouloir vivre car aucune place n'est faite pour un peu d'espoir. Même le rapport entre les deux frères est conflictuel. Le tome 4 sera-t-il porteur de plus d'optimisme ?

 

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au stalag IIB - note : 6/10

René Tardi est le père de Jacques Tardi - l'auteur de Putain de guerre, Le cri du peuple … -. Il est militaire et doit partir pour participer à la débâcle de la seconde guerre mondiale avec comme récompense d'être fait prisonnier. Envoyé au Stalag IIB, il réussit à s'en échapper pour traverser l'Allemagne et rejoindre la France.


© Casterman 2018.

 On le retrouve dans la troisième partie de ce triptyque qui lui est consacré, après son retour en France pour une critique et un bilan acerbe et sans concession de cette France "victorieuse". L'album exprime avec précision toute la rancœur et la colère de René Tardi mais c'est aussi l'occasion pour Jacques de raconter son père dans l'après guerre. Une façon de se raconter et de mieux comprendre l'antimilitarisme de cet auteur incontournable de la bande dessinée.

 

Alix senator - Tome 8 : La cité des poisons - note : 7/10

On avait laissé Alix dans une situation bien triste dans le tome précédent, à la fin du premier cycle de sept tomes. Dans ce nouvel album, il est encore sous le choc de la mort du jeune Kephren et doit se rendre dans la cité de Petra pour négocier au nom d'Auguste. Il emmène avec lui son fidèle Enak et son fils Titus. Alix atterrit dans un panier de crabes où le ministre Syllaïos espère convaincre Rome de le suivre dans la prise du pouvoir tandis que la reine Hagirà entend bien défendre le trône de son mari. Pendant ce conflit larvé, Titus va voir Camma, la femme qu'il aime, tomber amoureuse d'un autre, et Enak entrer en pleine dépression.


© Casterman 2018.

 

Ce huitième tome est le premier album d'un nouveau cycle et pose les personnages et les intrigues. Les enjeux politiques et personnels s'entremêlent sous le dessin de Thierry Démarez (depuis le premier tome) qui se veut plus moderne que la série originale de Jacques Martin.

Les oppositions entre personnages sont bien définies et on peut voir que les intérêts des uns vont prévaloir sur le bon sens ou la vérité.

 


Les couvertures des 3 albums - © Casterman 2018.