Arawn - Tome 4 : Une histoire de famille
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 30/07/2011 (Tags : arawn soleil tome fantasy editeur dessin scenario
Avec une dynamique toujours bonne, à peine ternie par quelques flottements dans le dessin, ce quatrième épisode sonde le passé familial du personnage et semble annoncer un proche dénouement.
Pas de petit discours d’introduction pour cette BD qui s’ouvre directement sur un épisode passée de la vie de Siamh, et pas n’importe lequel. Avant de nous exposer comment cette femme blonde et souple est devenue cette incroyable guerrière à l’imputrescible jeunesse, les auteurs nous offrent
DR.la genèse de toute leur histoire ; l’épisode déclencheur dont tout découlera. Et c’est toute une logique qui s’installe alors, en quelques pages, pour donner encore un peu plus de profondeur à tout ce qui ne semblait être, au début, qu’une simple suite de scènes violentes. De fait, la destinée du personnage principal gagne ici un élément clé, à savoir l’évènement déclencheur, aussi ancien qu'il est inspiré par une très mauvaise idée.
Avec un sens du rythme certain, Grenier et Le Breton distillent leur mythologie avec patience, offrant chaque fois à leur lecteur des éléments en réponse à l’interrogation centrale : comment en sommes-nous arrivés là ? Développant les uns, expliquant les autres, c’est toute l’articulation de cette famille si particulière qui prend forme peu à peu, pour dévoiler la mécanique sordide d’une inéluctable destinée. Noyée dans un monde magique et inquiétant, cette histoire qui, dans notre réalité, ne donnerait finalement qu’une âpre dispute autour d’un héritage, faisant la part belle aux avocats et leurs honoraires, devient ici la toile de fond nécessaire à d’épiques batailles, où les notions de courage et d’honneur se heurtent à une violence toute cathartique, finalement véritable intérêt de l’ouvrage. C’est dans les hectolitres de sang versés qu’on prend le plus de plaisir à la lecture, parce qu’elle permet la plus belle expression du dessin de Grenier. Mais cette
DR.expression, au-delà des représentations anatomiques et de la violence brute qu’elle véhicule, se distingue surtout par la facilité avec laquelle elle traduit le sentiment des personnages. C’est certes avec l’émotion inexplicable qu’on peut ressentir à la vue ou à l’évocation d’un champ de bataille vibrant que l’on fait défiler ces pages, mais avant cela, il y a cette étrange empathie, ce partage de la rage, de la peur et de la folie qui nous rapprochent de personnages qu’on devrait, en toute logique, repousser.
On notera toutefois, pour ce tome, que certaines représentations sont un peu légères, et que quelques proportions et perspectives sont ratées et peu crédibles, ce qu’on ne se souviendra pas avoir observé précédemment. Il n’en reste pas moins qu’Arawn continue à parler à nos tripes et annihile totalement un quelconque jugement moral, pour ne nous laisser que l’envie d’assister à de terribles combats, dans un univers de plus en plus dense, sur les traces d’un héros aussi peu recommandable qu’intrigant.