Alice au pays des merveilles (Soleil Comics) - Tome 2
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 28/08/2010 (Seconde tentative d'adaptation des élucubrations carrolliennes autour d'Alice, par la fille d'Alan Moore !, cet opus ne passionne pas.
Un jour qu'elle joue avec ses chats, qu'elle tente d'ailleurs d'éduquer, Alice va être prise de la fantaisie de passer de l'autre côté du miroir. Là elle va découvrir un monde construit bizarrement, et principalement à l'envers. A la rencontre des personnages étrange qui habitent céans, elle va vivre une aventure dont le but lui promet de devenir reine, au même titre que les reines blanche et rouge.
On ne peut nier qu'il s'agit d'une excellente initiative que de vouloir mettre, pour une fois, la seconde aventure d'Alice à l'honneur. Ceci permet de retrouver et de positionner certains personnages de la mythologie de Lewis Carroll
qu'on est habitué à connaître, surtout grâce à la version manga, et que l'on fait d'instinct cohabiter.
On pourrait également se dire que c'est une excellente idée de prêter une illustration aux délires verbaux de Carroll, d'autant plus difficile à appréhender qu'il invente dans cet ouvrage les fameux mots-valises, avec le poème du Jabberwocky, qui feront la joie et les affaires de certains écrivains lui succédant.
Pourtant on en viendra à douter de la pertinence de ce recours à l'illustration. Certes celle-ci relève, dans ce contexte si compliqué, de la gageure et, en l'espèce, le défi est plutôt bien relevé. Malgré tout, le problème se porte sur un autre point : quand on n'a pas lu le livre (ce qui doit être le cas de la majorité), l'illustration n'aide pas. Face à ce texte jouant énormément sur des jeux de mots et des figures littéraires, il est sûrement plus facile de mettre en place par la pensée l'enchaînement étrange des situations, pour ainsi s'en faire sa propre construction mentale. Ici, l'illustration par un tiers, et donc la lecture d'une représentation mentale étrangère finit par gêner. On ne comprend pas trop comment fonctionne l'ensemble et la lecture n'est pas agréable.
De plus, les couleurs terre, de nouveau employées, ne servent pas vraiment une illustration invariablement découpée selon un squelette de six cases par pages.
Ainsi, ce second essai ne le fait toujours pas, et on a beau nous vendre avec force points d'exclamation que c'est une adaptation par la fille d'Alan Moore ! (si bien qu'on finirait par croire que c'est une lettre de son nom), ça ne marche pas.