Alice au pays des merveilles
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 31/03/2010 (Tags : alice pays merveilles lapin reine disney film
Cet ouvrage qui, parmi d'autres, tente de surfer sur la sortie d'un film très attendu, ne propose rien d'exceptionnel et s'avère tout à fait dispensable.
A l'occasion de la sortie du Alice au pays des merveilles de Tim Burton, deux éditeurs BD en profitent pour donner leurs versions de ce conte, dont un particulièrement déchaîné, Soleil, avec deux ouvrages différents.
La BD qui nous occupe ici est le fait de la maison Drugstore, qui propose le
texte original adapté par David Chauvel, mis en image par Xavier Collette. Sur 72 pages les auteurs reprennent l'intégralité du texte et en propose une version à l'esthétique d'inspiration burtonienne, fait d'entrelacs sombres et de végétaux à l'allure torturée.
Hormis la galerie de personnages classique, cette BD fait le choix d'une Alice brune, selon le modèle de la vraie inspiratrice de Dodgson, Alice Pleasance Liddell, à qui il offrira le tout premier exemplaire de son histoire, illustré par ses soins. C'est pourtant une Alice blonde qu'il mettra en scène et qu'il réclamera à son collaborateur, chargé de l'illustration pour la version publique, John Tenniel.
C'est toujours un exercice périlleux que de s'attaquer à la reprise, que ce soit par le biais de la BD ou d'un autre média, d'un tel texte. Et ici, l'obstacle n'est pas vraiment passé, l'adaptation ne démontrant pas de parti pris particulièrement audacieux. L'histoire est déroulée comme elle se présente dans le texte original et n'apporte, somme toute, pas grand-chose de plus à l'affaire. Le seul caractère intéressant de l'objet réside dans le travail
de Collette, qui propose un trait assez particulier, entre un traitement hyper réaliste de ses sujets et de ses couleurs, rappelant certaines réalisations comics, et une inspiration manga qui transpire principalement de l'aspect de son héroïne. Pourtant l'effet ne dure qu'un temps, l'originalité ici déployée s'arrêtant également à une certaine conventionalité concernant l'allure des personnages et, finalement, à une impression diffuse de lire une version partagée entre les codes de Sleepy Hollow et ceux de Corpse Bride.
Alors, hormis la présentation d'un fort beau travail d'illustrateur, maintenu sur un ensemble assez conséquent, toujours avec une belle qualité, on ne saurait trouver ici un réel intérêt. On aurait même tendance à accueillir ce genre d'ouvrage avec méfiance, qui, en plus de proposer une fidèle reprise d'un texte ultra connu et libre de droit, semble vouloir profiter d'un effet d'opportunité. Mais en cela, il ne sera pas le seul.