Alice au pays des merveilles (Soleil Comics) - Tome 1
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 17/04/2010 (Nouveau tour de manivelle et nouvelle adaptation du roman de Carroll pour la maison Soleil, sous la forme d'un comics et toujours dans le sillage de la sortie du Alice de Burton.
Cet ouvrage est scénarisé par Leah Moore (fille d'Alan Moore) et John
Reppion, auteurs de Witchblade, couple, à la ville comme à la page. Pour illustrer l'histoire, le choix s'est porté sur une artiste brésilienne d'origine japonaise, qui s'exprime dans le manga, Erica Awano. Alors oui, dit comme ça, ça pète ! Mais assez vite on constate que cette parution n'offre absolument rien d'extraordinaire, ni de notable, si ce n'est sa proposition de départ. A savoir de ne pas se contenter d'adapter cette seule histoire. En effet, ce tome 1 sera suivi d'un 2, qui proposera une adaptation de De l'autre côté du miroir, du même auteur. Profitons-en d'ailleurs, face à la profusion de mention de Lewis Carroll ces derniers temps pour se poser cette question : que penserait-on aujourd'hui de la proximité entre cet auteur et la jeune fille qui lui inspira ce succès, qui, de 20 ans sa cadette, n'avait que 10 ans ?
Basé sur une reprise du texte original, à l'instar de la proposition de Glénat, sortie en même temps, cette version ne s'en sort pas aussi bien. Ce qui n'est pas peu dire quand on regarde le premier. Ce comics, marchant dans les mêmes traces, offre une adaptation encore moins claire et un peu plus maladroite de l'œuvre originale, tant et si bien qu'il faudra croire que ceux qui ne l'auront pas déjà lu, n'y comprendront pas grand-chose. Le choix des textes conservés est hasardeux et force à des ellipses, au sein même des chapitres, qui privent le lecteur de la compréhension de la situation. A tout prendre il
eût été certainement plus judicieux d'exposer l'intégralité du texte, en regard des pages de cette BD, pour permettre de s'y retrouver. Mais alors le nombre de pages nous ferait sortir de la catégorie comics.
Le dessin, quant à lui, est d'une fadeur très aboutie. Ne nous laissons pas charmer par l'illustration de couverture, œuvre de John Cassaday, à milles lieues de ce qui se trouve dans l'ouvrage. Posé sur des couleurs terre, triste et sans relief, choisies peut-être pour leur aspect onirique, le trait donne des personnages qui sont, en quelques sorte, les versions manga de ceux du dessin animé de Walt Disney. C'est assez difficile à décrire, et même si certain d'entre eux s'en tirent avec une pointe d'originalité, comme le chapelier (qui soit dit en passant n'est jamais appelé "chapelier fou") et la chenille fumeuse de narguilé, rien ne dépasse le cadre institutionnel et très vite, on s'ennuie ferme.
Il faudra donc, encore, se méfier d'un produit qui profite d'un effet d'opportunité pour espérer tirer son épingle du jeu. Mais la qualité finale ne fera pas illusion longtemps. Ceci dit, le même travail sur De l'autre côté du miroir offrira, au moins, l'avantage de proposer une adaptation, et par là même une certaine popularisation, d'un texte moins connu. Espérons que ce tome 2 puisse voir le jour.