Voyageur - Passé Tome 2
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 20/09/2010 (Tags : tome voyageur boisserie eric pierre stalner glenat
Deuxième volet du cycle « Passé », d'une série construite sur les voyages temporels et la folie furieuse, cet opus, par son contexte, révèle la force du concept de base.
Le principe sur lequel est construit cette série, où deux frères naviguent dans l'histoire, l'un pour la modifier, l'autre pour la préserver, atteint ici à un point extrême, traité de façon excellente, donnant au principe de base une force inattendue. Ainsi, ce n'est pas tant l'histoire qu'on nous raconte qui donne son intérêt à l'album, celle-ci ne faisant qu'asseoir encore un peu plus le détraquage mental de Fish, mais la façon dont est mis en scène le concept sur lequel la série entière est construite.
Atterri en 1940, Fish, en bon psychopathe, bute du nazi à tour de bras, sachant les horreurs que l'occupation et la domination du 3e Reich
engendreront. Il en profite pour laisser libre court à sa brutalité, qui trouve ici une bonne excuse pour s'exprimer. Mais celle-ci a trop d'emprise sur le personnage pour réellement se restreindre à cet objectif. Malgré tout, dans cette chasse à l'occupant, il se passe pas mal de temps avant que le lecteur puisse reprendre ses esprits et se souvenir du passif du personnage et du cataclysme que ses agissements sont susceptibles de provoquer. Et la raison ne nous reviendra véritablement qu'en découvrant le rôle que Vedder joue dans cette histoire.
Par le choix de ce contexte particulier, les auteurs brouillent les pistes et utilisent l'émotion pour faire perdre de vue la rationalité à laquelle on s'était pourtant attaché. Sur la question récurrente consistant à savoir si, sachant ce que l'on sait, on aurait tué Hitler si on en avait eu l'occasion, l'ouvrage parvient à creuser la dualité intérieure et extérieure des personnages, partagés entre leurs « missions » et leurs caractères. Cet aspect prend ici un tour fascinant, d'autant plus qu'il est centré sur Fish et ses états d'âme. C'est ainsi toute une complexité psychologique qui apparaît, le carnet intime d'un assassin qui oscille momentanément entre la paix et la colère, une vie apaisée et une quête de brutalité.