4/10La Vie secrète - Tome 1

/ Critique - écrit par riffhifi, le 15/10/2008
Notre verdict : 4/10 - L’héritage maaal (Fiche technique)

Le dessinateur humoristique Fredman veut s'offrir une respectabilité à l'aide de cette parution sérieuse dans la collection Ecritures de Casterman. Mais les bonnes intentions ne font pas les meilleures lectures.

Fredman est connu pour être le complice de Jim sur les albums de Vents d'Ouest destinés à occuper les bacs de supermarché pour satisfaire les gens qui aiment offrir des cadeaux faciles : Comment supporter la famille, Nos pires fêtes foireuses... Jim au scénario, Fredman au dessin, c'est une collaboration qui dure depuis près de 15 ans, leur premier coup étant le best-seller Tous les défauts des mecs paru en 1994, qui connaîtra un deuxième tome en 2005. Leurs derniers titres : Besoin de vacances, Vacances : j'oublie tout (deux combos BD & Sudoku, la classe) et Tous les défauts microscopiques des filles. Fredman était donc l'avant-dernière personne que l'on attendait dans la collection Ecritures de Casterman, dédiée avec une certaine pédanterie aux récits intimistes en noir et blanc. Mais après tout, la dernière personne qu'on y attendait était son ami Jim, qui pourtant y
a livré Petites éclipses en 2007 avec le dessinateur Fane. Alors on se penche sur l'essai de Fredman, et on en ressort dubitatif... en attendant un deuxième tome qui peut toujours créer la surprise.

Grégoire se rend à l'hôpital où son père Armand est à l'article de la mort. Il est en froid avec lui depuis 25 ans, et mène une vie insatisfaisante, loin de sa femme dont il est séparé et de son fils Simon qu'il ne connait pas bien. En revanche, Simon s'entend très bien avec son grand-père Armand. La blague dans tout ça, c'est qu'Armand faisait partie des Waffen SS pendant la Seconde Guerre Mondiale...

Dans son besoin de respectabilité, Fredman s'est jeté sur deux ingrédients imparables du récit sérieux. N°1 : le parent qui est en train de mourir. N°2 : le lourd héritage de la Seconde Guerre Mondiale. On ne déconne pas avec ce genre de sujet, le premier qui rigole a perdu. On saupoudre d'un peu de déroute familiale, et le tour est joué. En principe. Sauf que les ingrédients ont besoin d'un minimum de cuisine, et que le tartinage de dialogues lourdauds (et pauvrement écrits, on y trouve des lourdeurs, des répétitions et même quelques fautes d'orthographe) ne remplacent pas la force d'une narration originale. Quant au lettrage, annoncé comme étant réalisé par Iris Trouillot, il consiste en réalité en une simple juxtaposition des 26 mêmes lettres dessinées
une seule fois (observez ce i qui ressemble à un 1, et ce L plus grand que les autres lettres).

Visuellement, on retrouve le style de Fredman, affecté un dynamisme qui évoque le dessin animé (il a travaillé dans l'animation), avec un style crayonné qui a forcément plus de cachet que ses productions pour Vents d'ouest. On trouve même quelques scènes assez inspirées, comme ces apparitions récurrentes d'un chevalier qui persécute Armand d'une façon comparable au démon de Robin Williams dans le film Fisher King. Mais globalement, les péripéties apparaissent comme le résultat d'un simple calcul visant à « faire sérieux » et à « traiter de sujets importants ». L'effort est laborieux, il est peut-être sincère mais ne semble pas naturel. Le deuxième volet révèlera-t-il une puissance cachée ?...