4.5/10Les Véritables légendes urbaines - Tome 2

/ Critique - écrit par riffhifi, le 07/03/2008
Notre verdict : 4.5/10 - Urbain de sang (ou du moins on le souhaiterait) (Fiche technique)

Paresseuses et timorées, ces histoires d'horreur ne parviennent pas à rattraper un premier tome peu convaincant. L'avantage, c'est que vous ne risquez pas de faire des cauchemars.

Eric Corbeyran, le scénariste multitâche qui doit probablement carburer au café et aux vitamines pour boucler tous ses scénarios dans les temps, livre ici le deuxième tome des Légendes Urbaines largement vilipendées par Gallu l'an dernier. Toujours accompagné de son coscénariste Rémi Guérin et d'un collectif de dessinateurs, Corbeyran continue d'explorer la veine du cliché éculé et de l'horreur tout public.

Quatre histoires et une devinette : c'est ce que propose le mystérieux narrateur aux lunettes noires, sorte d'équivalent fumeur et insipide du Gardien de la Crypte qui
présentait les Contes du même nom il y a quelques années... Quatre histoires qui se racontent dans les soirées, dont on ignore finalement si elles contiennent un fond de vérité ou non. Corbeyran et Guérin se contentent de scénariser brièvement ces petites légendes horrifiques probablement glanées de la bouche d'un quelconque pote aviné, réalisant ainsi une œuvre assez comparable à un recueil de blagues de Toto : une créativité proche du zéro, et des intrigues que vous avez forcément l'impression d'avoir déjà vues quelque part.

Quatre histoires, quatre dessinateurs... Chacun s'acquitte de sa tâche soigneusement mais sans enthousiasme excessif, avec le souci de conserver à l'ensemble une cohérence visuelle. L'histoire dessinée par Alice Picard, Un bon jour pour mourir, est sans doute celle dont le dessin se démarque le plus, par son influence asiatique visible et sa coloration aux tons plus doux. Mais la plus réussie Ceci est une légende
Ceci est une légende
est plutôt la troisième, qui emprunte à John Carpenter le titre d'un de ses meilleurs films : L'antre de la folie, dessinée par Djilali Defali. Avec son traitement de l'image par ordinateur plutôt intéressant (une fois n'est pas coutume) et son ambitieuse pleine page cauchemardesque (page 45), Defali sauve un scénario pourtant aussi pauvre que ses voisins.

Au-delà de la simplicité presque navrante des histoires et de la quasi-certitude que Corbeyran et Guérin n'en ont pas inventé la moindre parcelle par eux-mêmes, on déplorera aussi la pauvreté des soliloques du conteur, qui se force à ânonner des banalités faussement cyniques en ouverture et fermeture de chaque histoire, ne parvenant qu'à confirmer le peu de travail alloué à l'écriture de cette série. Reste l'exercice de commande effectué par cinq dessinateurs (n'oublions pas les deux pages de devinette dessinées par Melvil), et l'amusement superficiel de découvrir les histoires si ce n'était pas déjà fait. En version soft, car le but n'est pas de choquer le public, que les auteurs espèrent le plus large possible. C'est quand même un peu de la soupe, tout ça.