7.5/10Tigresse Blanche - 2ème cycle Tome 1 - La théorie du mikado

/ Critique - écrit par riffhifi, le 02/12/2008
Notre verdict : 7.5/10 - La petite théorie qui vous perdra ? (Fiche technique)

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Nouveau cycle pour Alix Yin Fu, qui se voit prise entre deux feux aussi antipathiques l'un que l'autre... S'alliera-t-elle aux représentants du grand Capital ? La série est toujours aussi divertissante, et peut accueillir ici de nouveaux lecteurs.

Après un premier cycle achevé en début d'année avec l'album L'année du phénix, la Tigresse Blanche renaît de ses cendres comme le... enfin, vous voyez quoi. Sixième tome en à peine plus de trois ans, La théorie du mikado entame une nouvelle histoire et permet ainsi aux nouveaux lecteurs de prendre le train en marche. C'est également l'occasion pour Didier Conrad et sa femme Wilbur (en
vrai, Sophie Commenge) d'initier leur propre intrigue, alors que le premier cycle avait été commencé par le scénariste Yann.

Alix Yin Fu, connue et respectée de ses ennemis, se voit piégée au sein de sa propre société secrète (les Tigresses Blanches, vous l'aurez deviné même sans avoir lu les tomes précédents) pour sa fidélité au communisme. Il faut dire que désormais, l'allégeance à la mode serait plutôt à Tchang Kaï-Chek... Le seul salut de la jeune Chinoise pourrait bien résider dans une alliance avec les salopards de la CIA, qui cherchent de leur côté un trésor japonais. Le tout est, comme d'habitude, nonchalamment commenté par le Français Maurice Rousseau, clope au bec et lunettes rondes sur le pif.

Un album de Tigresse Blanche, c'est un peu comme un James Bond en négatif : le héros est une femme, elle est chinoise, communiste et asexuée. Mais outre ces caractéristiques diamétralement opposé, le personnage est aussi efficace, redoutablement meurtrier et débrouillard que son homologue britannique. L'exotisme procuré par le point de vue de la série ne s'arrête pas aux paysages : sérieusement documenté, le scénario se fait l'écho fidèle de la fin des années 40 en Asie, une tranche spatio-temporelle mal connue des occidentaux. Les références constantes qui émaillent le récit, couplées aux indications du type « Heure du singe » ou « Yoshiwara district, le quartier des lanternes rouges de Tokyo, heure du chien » procurent un dépaysement appréciable en même temps Un charme Fu
Un charme Fu
qu'une sérieuse impression qu'on ne se moque pas du lecteur. Le dessin « à la Journal de Spirou » (bien qu'on soit chez Dargaud, Conrad est issu du magazine de Dupuis et Alix Yin Fu est un personnage échappé de la série Les Innommables) donne à la bd un aspect ludique et ‘tout public' qui contraste agréablement avec son contenu parfois sévère (la visite d'Hiroshima après le passage de la bombe, hum).

Ce nouveau tome, s'il use du ressort classique de l'agent trahi par les siens, n'en demeure pas moins une porte d'entrée fort bien tournée dans une série qui en vaut la peine. Les premières pages offrent une introduction du personnage principal à travers le récit qu'en fait l'agent de la CIA Lansdale ; c'est l'occasion pour Conrad de s'éclater en réalisant quelques larges dessins dynamiques et réjouissants, prélude à un album qui marie harmonieusement espionnage, exotisme, Histoire (avec le grand H de rigueur) et action. Pour un peu, on attendrait de voir tout ce petit bazar adapté au cinéma.