Le testament du capitaine Crown : Reboot legs

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Après plusieurs tentatives, pas toujours heureuses, et des mois d’absence sur le terrain, la maison Soleil propose un nouvel ouvrage avec des pirates dedans, et pour le coup, celui-ci exploite assez bien le genre.

La piraterie étant une activité, certes rémunératrice, mais ô combien périlleuse, il convient d’être prévoyant. Cette vertu, le capitaine Crown ne s’en est pas départi, et vue le nombre d’inimitiés que ses succès professionnels lui ont occasionné, il a bien fait. Suite à son trépas, jugé dégueulasse par ses hommes, même pour un pirate, il laissera à son second, Red, un testament lui enjoignant de retrouver ses cinq enfants, disséminés dans les mers des Caraïbes, et de les conduire à
DR. son trésor. Sillonnant alors les environs, Red exécutera les dernières volontés de son capitaine, tâche rendue difficile par la vérification du dicton « les chiens ne font pas des chats ».

Sur le principe assez simple et relativement convenu de l’héritage gargantuesque promis à des héritiers que tout oppose, sinon les sentiments peu amènes qu’ils semblent porter les uns pour les autres, les auteurs fabriquent une bonne petite histoire de pirates des familles, de celles qui donnent envie aux enfants d’en devenir un plus tard, au grand dam de leurs parents, qui doivent justifier leur réticence par le fait que cette activité nécessite maintenant de parler thaïlandais ou somalien. Par un enchaînement dynamique et logique des situations, servi dans les passages calmes par des dialogues bien ficelés et naturels, Roulot développe une histoire qui ne souffre d’aucun temps mort et parvient, de ce fait, à surprendre quelque peu son lecteur. Loin de proposer une intrigue et un dénouement époustouflant auquel on ne s’attendait absolument pas, il parvient néanmoins à créer la surprise, en ne laissant que peu de moments propices au recul et à la réflexion. Il sera très valeureusement aidé dans cette tâche
DR.par le trait d’Hénaff, très à l’aise dans les bastons (ce qui tombe assez bien ici), les représentations détaillées et les perspectives profondes, qui contribueront en grande partie à l’immersion et à l’empathie suscitée à l’encontre de cette corporation si décriée. On oubliera alors bien vite la faute de frappe de la première page et le fait que le signe qui permet à Red d’affirmer l’ascendance des héritiers, ne soit en fait pas héréditaire dans la vraie vie.

Le couple d’auteur n’oubliera pourtant pas de raccrocher son récit aux wagons de la réalité. S’agissant d’une histoire de pirate, certains évènements sont très crus et le sang ne traîne jamais longtemps à couler. Mais à la faveur d’une excellente ambiance, digne des meilleurs récits en la matière, cette violence pirate prend alors des allures de normalité, et parfois même une petite touche comique. Après tout, il s’agit de pirate, c’est normal que ça suinte. Et le simple fait que l’on pense ainsi montre bien que le coup est réussi, et qu’on aura sûrement plaisir à découvrir le second tome de cette aventure.