6.5/10Sorcières - Tomes 1 et 2

/ Critique - écrit par riffhifi, le 05/04/2010
Notre verdict : 6.5/10 - Bianca (Fiche technique)

Tags : sorcieres tome eur livres livre jeunesse chamblain

Un collectif exclusivement féminin livre une collection consacrée à la figure de la sorcière au travers des âges. Pas la carabosse mythologique aux pouvoirs démoniaques, mais celle qui subit l'inimitié du tout-venant en raison de sa trop forte personnalité. De bonnes intentions, mais rien de passionnant.

Après les vampires il y a quelques mois, Dupuis ouvre une mini-série consacrée aux sorcières. Faux ami : les cinq tomes à paraître ne traitent pas réellement de fantastique mais de cas réels (ou supposés tels) de sorcellerie "sociale".  C'est bien connu, les femmes qui ouvrent un peu trop leur museau ont longtemps eu la réputation d'être maléfique, et leur sort se soldait généralement par un passage sur le bûcher. De nos jours, c'est tout de même moins fréquent, on a perdu le goût de l'immolation et de la lapidation, on ne sait plus s'amuser. Du coup, on se demande même où est l'intérêt d'une telle collection, qui ne semble pas établir de relation entre ces femmes d'hier et celles d'aujourd'hui, et ne proposent que d'assez Ciel ! Mon mari Bernard !
Ciel ! Mon mari Bernard !
faiblardes histoires d'injustice.

Premier volet : Bianca. Ce n'est pas le nom de la gamine de la couverture, mais celui de sa grande sœur, adolescente rebelle dans la Venise du XVIème siècle (la date est donnée à vue de nez). Une prophétie de famille annonce à sa grand-mère que « de la fille de [sa] fille naîtra une enfant, et de cette enfant deux enfants. La seconde sera alors celle tant attendue. » Reste à savoir si la deuxième enfant est bien celle qu'on croit, ce qui génère une petite intrigue au détour de laquelle on déterre d'obscurs souvenirs enfouis, dans un esprit un peu comparable à celui des Secrets scénarisés par Frank Giroud. L'intrigue d'Alexine ne réserve donc pas trop de surprise, et se concentre sur les personnages auxquels elle donne une certaine épaisseur ; on se réjouit surtout des illustrations de la Coréenne You, élégantes et dotées d'une grande variété de cadrages, et surtout bien mises en valeur par les couleurs signées Elvire de Cock. Une lecture agréable, à laquelle on reprochera surtout son indécision vis-à-vis de l'élément surnaturel, brouillant ainsi des pistes qui auraient sans doute gagné à se resserrer sur les relations humaines.

Un volontaire pour la remplacer ?
Un volontaire pour la remplacer ?
Deuxième opus, paru simultanément : Hypathie (on souhaite que ce ne soit pas le prénom de votre tante). Cette fois, nous sommes à Alexandrie en 415 après JC. Le scénario de Virginie Greiner illustré par Christelle Pécout nous emmène sur les traces d'une philosophe qui a refusé les dogmes phallocrates, mais suscite toujours la méfiance malgré le respect que l'on porte à sa sagacité. Lorsque les tensions se font trop fortes entre chrétiens et non-chrétiens, c'est Hypathie qui sert de bouc émissaire. Trop facile ! C'est d'ailleurs ce qu'on se dit de l'album, manichéen et sans grand relief, virant parfois au cours d'histoire lourdingue et ne laissant pas de place aux émotions. Par ailleurs, le personnage a déjà fait l'objet du film Agora sorti en janvier...


Des trois tomes suivants, on se demande surtout ce qu'il sortira de Jeanne d'Arc, écrit par Valérie Mangin et dessiné par Jeanne Puchol. Quant à Eva et Nina, leurs titres sont trop mystérieux pour qu'on puisse savoir qu'en attendre !...